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Comme mentionné dans l'un de nos articles, une loi controversée est entrée en vigueur ce vendredi 1er novembre en Russie. Elle vise à créer un "internet souverain" isolé des grands serveurs mondiaux. Concrètement, le texte prévoit la création d'une infrastructure permettant d'assurer le fonctionnement des ressources internet russes en cas d'impossibilité pour les opérateurs russes de se connecter aux serveurs internet étrangers.
Les fournisseurs russes d'accès à internet devront également s'assurer désormais de la mise en place sur leurs réseaux de "moyens techniques" permettant un "contrôle centralisé du trafic" pour contrer les menaces éventuelles.
Critiquée par les défenseurs de libertés
La loi a été critiquée comme une tentative de contrôler les contenus, voire d'isoler progressivement l'internet russe, l'un des derniers espaces de liberté pour l'opposition et les voix critiques du pouvoir. Les défenseurs des libertés dénoncent ce contrôle excessif par les autorités sur le réseau.
En effet, bien que la plupart des habitants n’ont pas entendu parler de la nouvelle loi sur internet, certains pensent qu'elle entrave la liberté d'information. "Je pense qu'Internet doit être mondial. S'il cesse de l'être, c’est inutile : il devient ce qu'on appelle un réseau local. Je n'aime pas cette loi, je pense qu'elle bafoue le droit des personnes à la liberté d'information…", affirme un habitant russe.
Mais pour le Kremlin, il ne s’agit pas de l’équivalent de la "Grande muraille informatique chinoise" et met en avant au contraire une volonté de défendre l'internet russe.. "Pare-feu chinois ou loi Internet souverain : ces noms n’ont pas de sens… Il s'agit de créer les conditions pour un bon fonctionnement d'Internet en Russie en cas de tentative extérieure d'affecter le réseau…", déclare Leonid Levin?, membre de la Douma
Opposition, ONG, défenseurs des libertés, craignent une surveillance extrême sur internet. "La loi s'inscrit dans la tendance que nous observons depuis sept ans : un mouvement en faveur d'une réglementation stricte de l'espace Internet. Internet effraie trop les autorités", explique un membre de l'ONG Roskomsvoboda, Sarkis Darbinyan.
Selon l’ONG Human Rights Watch, la Russie peut aussi décider de couper internet dans une région, voire dans le pays tout entier. "Le gouvernement peut maintenant directement censurer du contenu ou même transformer l'internet russe en système clos sans informer le public sur ce qu'il fait ou pourquoi", a dénoncé dans un communiqué l'ONG Human Rights Watch.
Le texte a également été critiqué pour le coût élevé qu'il va engendrer pour les opérateurs internet russes, dont certains risquent de disparaître.
Les autorités russes n'ont cessé de serrer la vis ces dernières années sur le réseau internet national, bloquant des contenus et sites liés à l'opposition, mais aussi des services qui refusaient de coopérer avec elles tels que la plateforme vidéo Dailymotion, le réseau social LinkedIn et la messagerie Telegram.