Partager:
Dix ans après la catastrophe ferroviaire de Buizingen (Hal), qui a coûté la vie à 19 personnes, le chagrin et la douleur sont toujours présents parmi les victimes et leurs proches, a-t-on pu constater lors de la cérémonie commémorative qui s'est tenue à proximité du lieu du drame. Le jugement du tribunal de police a été un soulagement pour beaucoup, mais la procédure en appel lancée par Infrabel soulève l'incompréhension.
Mathieu était accompagnateur du train qui été percuté le 15 février 2010. Blessé, il n'a jamais repris son travail. Il occupe désormais un emploi administratif au sein de la SNCB. "On a été meurtri dans notre chaire, explique Mathieu Boscariol, ex-accompagnateur de train et victime de l'accident, au micro de RTL INFO. Les séquelles sont là, on a des douleurs tous les jours. Il faut malheureusement apprendre à vivre avec les choses en n'oubliant pas ce qu'on a vécu parce que chaque jour quand on se lève, on a mal et on n'a pas le choix que de ne pas y penser.
"Notre vie quotidienne a été bouleversée"
"Beaucoup se souviennent encore de la peur et du désespoir qui nous ont frappés ce jour-là, le 15 février 2010", a évoqué un représentant des familles. "Le soulagement d'un coup de fil... qui n'est jamais venu. Notre vie quotidienne a depuis été bouleversée, rien n'est plus pareil. Nous espérions que les responsables du procès reconnaîtraient leurs erreurs et accepteraient le verdict, en toute dignité et dans le respect des victimes. Le ministère public et le juge nous ont écoutés, la SNCB et le conducteur du train ont accepté le jugement. Mais la décision d'Infrabel d'aller en appel, fut pour nous un véritable coup de couteau dans le coeur" "Nous avons pris cela comme un manque de pudeur et de respect", a-t-il poursuivi. "Combien de drames faudra-t-il pour réaliser à quel point la sécurité doit rester la première des priorités."
"C'est inhumain ce qu'on nous fait subir"
Le 3 décembre dernier, le tribunal de police avait condamné Infrabel et la SNCB à des amendes pénales de 550.000 euros. Mais le gestionnaire du réseau ferroviaire a interjeté appel de cette décision. "Infrabel a décidé d'aller en appel. Poignardé en plein coeur, à nouveau cette confrontation douloureuse", a exprimé Patricia Van Den Eynde, soeur d'une victime, pendant la cérémonie. "Ils sont condamnés avec un sursis et ils ont encore l'outrecuidance d'aller en appel, explique Genevivèe Isaac, mère et épouse de victimes. C'est inhumain ce qu'on nous fait subir."
"Le 15 février 2010 restera profondément gravé dans notre mémoire", a déclaré Lodewijk De Witte, gouverneur du Brabant flamand. "Nous sommes ici présents pour les victimes et leurs familles. Rien ni personne ne pourra jamais compenser leur souffrance. Nous sommes aujourd'hui confrontés à la question du comment: comment cela a-t-il pu se produire et qui est responsable de ce drame. Je ne peux qu'espérer le respect et l'acceptation des décisions de justice à ce sujet."
Infrabel dit contester le jugement parce qu'il remet en question le fonctionnement du réseau ferroviaire. L'audience d'introduction du procès en appel aura lieu le 24 février prochain.