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Comment produira-t-on de l’électricité à l’avenir ? Après avoir annoncé la fermeture puis la prolongation de certaines centrales atomiques, le gouvernement fédéral investit dans la recherche sur les petits réacteurs modulaires. Une technologie nucléaire présentée comme celle du futur. A Mol, le centre d’étude nucléaire développe un modèle de démonstration avec quatre partenaires internationaux. Une expérience unique au monde qui permet de mieux utiliser les ressources en uranium et même de recycler d’anciens déchets nucléaires.
Une équipe de RTL info a pu exceptionnellement pénétrer dans le centre de recherche nucléaire de Mol. La visite commence dans le hall technologie. "Ce que vous voyez ici, ce sont des installations. Certaines sont déjà là depuis une dizaine d’années", explique Marc Schyns, responsable du projet SMR – small modular reactor, petit réacteur modulaire en français.
Depuis des années, les scientifiques qui travaillent ici sont reconnus dans le monde pour leur maitrise du plomb dans des applications nucléaires. Un métal qui se trouve ici sous toutes ses formes. "Ici, c’est du plomb qui est liquide. Cela ressemble, comme pour beaucoup de métaux liquides, à un miroir", montre-t-il.
L’idée de Marc Schyns et ses collègues : utiliser ce plomb liquide dans le cœur du réacteur développé ici, en lieu et place de l’eau utilisée dans une centrale classique. On appelle cette technologie un réacteur à neutrons rapide.
Voici quelques explications pour éclaircir la situation. Le combustible d’une centrale nucléaire c’est de l’uranium. Un métal composé de plusieurs types d’atomes : l’uranium 238 et l’uranium 235. Dans 100 kilos d’uranium, on retrouve plus de 99 kg d’uranium 238 et à peine 700 grammes d’uranium 235. Aujourd’hui, une centrale classique à refroidissement à eau fonctionne uniquement avec de l’uranium 235. Mais ce n’est pas le cas du réacteur du futur développé ici.
"Grâce à la technologie aux neutrons rapides, il devient possible d’utiliser beaucoup plus d’uranium finalement qui est disponible sur la terre et donc d’utiliser beaucoup mieux les ressources disponibles", indique Marc Schyns.
Notre ressource en combustible nucléaire va passer de 100 ans à 5.000 ans
L’utilisation plus efficace des ressources, c’est le point fort de cette technologie selon Thomas Pardoen, professeur à l’Ecole Polytechnique de Louvain. "Si on arrive à la déployer industriellement, on va avoir notre ressource en combustible nucléaire qui va passer de 100-150 ans pour l’uranium à une ressource qui va pouvoir durer 4.000-5.000 ans. Et ça, cela nous donne le temps évidemment de réfléchir à d’autres technologies bien à l’aise", révèle-t-il.
Cerise sur le gâteau, le réacteur développé à Mol pourrait même recycler d’anciens déchets nucléaires. "Naturellement, cela demande un peu de préparation comme on dit. Mais non seulement on va mieux utiliser les ressources, mais nous allons pouvoir aussi recycler des déchets nucléaires existants", se réjouit Marc Schyns.
Dernier avantage de la technologie développée ici à Mol. La réaction produit beaucoup moins de déchets hautement radioactifs. Les scientifiques du centre de recherche espèrent avoir construit un premier réacteur de démonstration d’ici 2035.