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Le secteur des soins de santé est responsable de 5,2% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Ce n’est pas la seule pollution qui est liée à ce secteur : utilisation de produits nocifs pour la santé et l’environnement, accumulation des déchets. En Belgique, plusieurs hôpitaux se mobilisent pour limiter leur impact sur l’environnement. Quelles solutions existent pour rendre les hôpitaux plus verts ?
Un hôpital, c'est une fabrique à petits miracles au quotidien. Un lieu crucial pour notre santé où l'hygiène règne en maître. Aujourd’hui, certains médecins et certains infirmiers réfléchissent aux moyens de rendre les soins de santé moins polluants. C'est le cas d’un hôpital bruxellois qui vient de démarrer sa transition écologique. Notre visite débute dans les sous-sols du bâtiment. Lauriane Tribel, en charge de la responsabilité sociétale de l’entreprise au Chirec, nous emmène dans les coulisses inaccessibles au public. "Donc ici, on est au quai déchets avec tous les types de déchets qui sont rangés par catégorie", indique-t-elle.
Dans cet hôpital de la capitale, on produit 1.000 tonnes de déchets en tout genre chaque année. Notamment des boites scellées qui proviennent des salles d’opérations. Elles sont obligatoirement incinérées. "Surtout quand on a des déchets B2 qui sont directement incinérés, on se dit qu’il faut absolument les diminuer et cela passe par la sensibilisation, la prise de conscience en fait du personnel, mais aussi par d’autres moyens d’action comme passer à du réutilisable et plus que tout jetable", souligne Lauriane Tribel.
Presque tout ce qu’on utilise est emballé avec un plastique et un papier
Trier les déchets médicaux, c’est un réflexe qu’on commence à adopter à la maternité. "Donc, ici, vous avez le service de néonatologie avec la partie non-intensive et la partie intensive", montre le docteur Dominique Grossman, cheffe du pôle mère/enfant au Chirec. Elle nous emmène dans la pharmacie du service. De nouvelles poubelles de tri ont été récemment installées ici. "Presque tout ce qu’on utilise est emballé avec un plastique et un papier. Jusqu’à présent, on mettait toujours tout dans la poubelle noire et donc maintenant on sépare le papier du plastique", explique Dominique Grossman.
Le suremballage fait partie du quotidien du personnel soignant. Cela n’a pas toujours été le cas. "Quand j’ai commencé il y a déjà quelques années, on utilisait plutôt des blouses en coton qui étaient réutilisées", se souvient la cheffe de pôle.
Aujourd’hui, l’hygiène et des considérations budgétaires ont imposé l’usage unique. "Ce qui est très compliqué en fait, c’est plutôt de stériliser. Tout cela demande des processus très importants et vu l’activité, cela demande aussi des moyens humains qui coûtent très chers aussi. Et je pense que cela a joué aussi à un moment donné. C’est qu’on était certain d’avoir un produit, puisqu’il était utilisable qu’une seule fois, tout à fait propre qu’on jetait après. Et donc il n’y avait pas de moyen humain derrière", explique Dominique Grossman.
Fini les lingettes pour changer les bébés
Remettre en question les accessoires jetables, la réflexion est en cours. On a par exemple banni les lingettes pour changer les bébés. "On est revenu ici à des petits carrés en tissu et au bon vieux gant de toilette parce que finalement pour changer un bébé, c’est encore ce qu’il y a de mieux", assure la docteur.
Réduire l’impact de l’hôpital sur l’environnement, c’est aussi diminuer son empreinte carbone, notamment lors des opérations. Pour maintenir un patient endormi, les anesthésistes utilisaient du Desflurane. Huit heures d’anesthésie avec ce produit émet autant de gaz à effet de serre qu’un trajet Bruxelles-Athènes, en voiture. "Pour avoir un impact environnemental, on a décidé à l’échelle de tout le Chirec d’abandonner le Desflurane parce qu’il a un potentiel polluant beaucoup plus important que notre équivalent qui s’appelle le Sévoflurane. Il n’y a pas d’avantages à utiliser un produit par rapport à l’autre", indique Matthieu Clanet, chef du service d'anesthésiologie au Chirec.
Si on veut prévenir les maladies, il faut aussi protéger l’environnement
Andreea Zotinca travaille pour une ONG qui milite pour réduire l’impact environnemental du secteur médical. Elle rappelle que le réchauffement climatique, c’est aussi plus de vagues de chaleur et donc plus de patients dans les hôpitaux. "C’est tellement lié que moi je m’étonne que les hôpitaux ne s’engagent pas plus sur ce sujet, la protection de l’environnement. Si on veut prévenir les maladies, il faut aussi protéger l’environnement", estime la chargée de projet chez Healthcare Without Harm Europe.
Aujourd’hui, le secteur des soins de santé est responsable de 5,5% du total des émissions de gaz à effet de serre de la Belgique.