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Frédéric est un commerçant indépendant à Ath depuis 5 ans. Il s'est spécialisé dans la vente de cigarettes électroniques. Sa boutique, qui s'adresse principalement à d'anciens fumeurs, a son petit succès, se félicite-t-il. "Nous avions entre 30 et 35.000 euros de chiffre d'affaire par mois", chiffre Frédéric, fier de son affaire.
Mais la Belgique a ensuite vu fondre sur elle un ennemi invisible: le coronavirus. L'effet a d'abord brièvement été positif pour le commerce de Frédéric : "Les gens savaient qu'on allait fermer, ils ont pris des précautions", explique-t-il. Mais le 16 mars, le couperet tombe: le magasin, comme tous ceux qui ne sont pas alimentaires, doit baisser ses volets.
Pour soutenir indépendants et petits patrons qui se retrouvent sans revenu mais doivent continuer à payer leurs charges, les autorités publiques annoncent rapidement plusieurs aides. Au niveau belge, les indépendants ont droit à un revenu de remplacement, le "droit passerelle". Au niveau régional, la Wallonie et Bruxelles octroie une indemnité forfaitaire.
"J'ai obtenu 1214€ de droit-passerelle" dit Frédéric qui fait partie de de ceux qui peuvent aussi bénéficier de l'indemnité wallonne : "La demande a été acceptée", ce qui n'est pas le cas de tous les indépendants. Ils sont nombreux à avoir appris que leur activité ne faisait pas partie d'un secteur couvert. Toutefois, l'homme originaire de Binche ne sait pas quand les 5000 euros tomberont sur son compte en banque et il s'impatiente comme de nombreux autres dans son cas : "On en a besoin maintenant, les charges continuent à arriver et rien ne rentre dans les caisses", peste-t-il. J'ai 15 à 20.000 euros de charges par mois. Je me retrouve sans rien, ce n'est pas mon droit-passerelle qui va m'aider", poursuit-il, vivant actuellement sur des économies faite au cours des cinq dernières années.
"Le délai de paiement me paraît démesuré (...) Nous avons vraiment besoin de cette prime maintenant, même si 5.000 euros, ça ne couvre que la sécurité sociale. Si je ne la touche pas, je crains pour la survie de mon magasin...", s'inquiète-t-il, espérant une réouverture après le 3 mai.
"Mes clients ne reviendront pas"
Mais ce qui énerve le plus Frédéric, c'est d'avoir dû fermer. Il estime en effet que la vente de cigarettes électroniques n'aurait jamais dû être rendue impossible. Selon lui, il s'agit là de biens de première nécessité. "Je ne comprends pas pourquoi nous sommes mis de côté", s'étonne Frédéric. "Nous permettons à des clients de ne plus consommer de tabac. Je reçois des appels tous les jours, ils me disent qu'ils n'ont plus que des cigarettes à consommer, parce qu'elles sont vendues en librairie", dit-il. Notre rédaction reçoit elle-même régulièrement des témoignages de vapoteurs via le bouton orange Alertez-nous qui confirment ce que déclare Frédéric qui redoute de ne plus récupérer ses clients repassés au tabac.
"Les clients qui ont repris le tabac ne reviendront pas. Si je perds 50% de mes clients, je ne saurai pas garder mon employé. Pire, je devrai encore débourser de l'argent quand il part", s'inquiète-t-il. "Je suis prêt à rouvrir après le 3 mai, même si je dois prendre des précautions. Nous laisser fermer comme ça, c'est horrible", conclut Frédéric.
Les paiements débuteront lundi
Jusqu'ici, aucun indépendant n'a perçu la moindre prime. Mais quand cet argent sera-t-il versé ? "La première salve de paiements est prévue lundi. Ils seront 10.000 à être concernés", nous répond Pauline Bievez, porte-parole de Willy Borsus, le Ministre wallon de l'Economie. Au total, 50.000 dossiers ont été rentrés. "Il y aura plusieurs vagues, ce qui fait que nous ne mettons pas de deadline. Certains dossiers nécessitent des ajouts de pièces et autres, il faut donc les inspecter manuellement", nous précise-t-elle.
Pour obtenir cette indemnité, il vous est demandé de remplir un dossier sur la plateforme prévue à cet effet. Le système analysera alors d'entrée si votre commerce est recevable ou non. Même si votre commerce ne figure pas dans un secteur couvert par l'indemnité mais qu'il est durement touché par la crise, vous pouvez envoyer un message via cette plateforme et décrire votre situation.
Un contrôle humain est prévu par la suite. "Vous recevez alors un accusé de réception et une réponse par courrier ou par mail". L'objectif de ces contrôles et notamment de vérifier qu'il n'y ait pas de tentative de fraude de personnes physiques se faisant passer pour des entreprises.
Il faudra donc encore un petit peu patienter avant de percevoir cette fameuse indemnité.