Partager:
Les organisations criminelles en Italie distribuent des produits alimentaires et contribuent à l'octroi de prêts gratuits aux plus démunis pour s'en attirer les bonnes grâces, a averti jeudi le journaliste expert de la mafia Roberto Saviano.
Les groupes mafieux cherchent aussi à s'accaparer d'affaires en difficulté, ce pays espérant recevoir des financements européens pour faire face à la crise économique, a ajouté l'auteur du livre Gomorra sur la Camorra, la mafia napolitaine.
"La mafia n'attend que ça, une crise" car les entreprises qui en seront victimes se retrouveront alors avec de nouveaux partenaires ayant des liens avec ces organisations criminelles, a poursuivi Roberto Saviano, parlant à des journalistes.
"Vous devenez un partenaire, vous entrez dans les affaires", a-t-il expliqué. "Ce n'est pas comme si quelqu'un venait avec un pistolet, ce sont leurs conseillers financiers qui à un certain moment" leur recommandent d'agir ainsi.
"Si l'Europe n'intervient pas bientôt, la multiplication de l'argent mafieux qui se trouve déjà en Allemagne, en France, en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique sera incontrôlée", a ajouté Roberto Saviano, parlant à des journalistes.
Outre la fourniture de nourriture aux plus pauvres, à Naples, la grande ville du Sud de l'Italie, les prêteurs sur gages ont annulé les intérêts de leurs dettes sur ordre de la Camorra, a-t-il encore dit.
"Dans quel but ? Pour (obtenir) des services" en échange, raconte le journaliste qui vit actuellement à New York et avait eu droit à une protection policière après la sortie de Gomorra en raison des menaces qu'il avait alors reçues.
Cela pourrait être des suffrages aux élections ou pour être des prête-noms dans des contrats, a-t-il expliqué.
"En Italie, la mafia attend juste une nouvelle pluie d'argent de Bruxelles", a de son côté averti jeudi le journal allemand Die Welt, mettant en garde contre l'octroi "sans limites" et "sans aucun contrôle" de fonds par l'Europe en liaison avec la crise provoquée par le Covid-19.
Des commentaires aussitôt qualifiés par le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio de "honteux" et d'"inacceptables".