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Un fournisseur d'électricité américain, jugé responsable de l'incendie le plus meurtrier de Californie l'an dernier, a annoncé mercredi qu'il allait couper préventivement l'électricité à 800.000 clients dans le nord de cet Etat et autour de San Francisco pour limiter les risques de départ de feu.
Ces coupures, d'une ampleur sans précédent en Californie, affecteront au total près de deux millions de personnes.
Elles pourraient durer plusieurs jours, le temps pour l'opérateur d'inspecter toutes ses installations une fois l'alerte passée, a averti Pacific Gas & Electric (PG&E).
Les coupures se dérouleront par phases. La ville de San Francisco ne sera pas directement touchée mais une partie de sa baie devrait être sans courant, y compris certaines zones de la Silicon Valley.
"La décision de couper l'alimentation électrique répond aux prévisions de temps sec, chaud et venteux, et du risque potentiel d'incendie", a justifié l'opérateur dans un communiqué, précisant que cet épisode de "vents violents" était prévu pour durer jusqu'à jeudi.
Pointée du doigt pour ses installations vétustes et un entretien insuffisant de la végétation autour des lignes à haute tension, PG&E s'est mise en faillite en janvier.
Elle fait face à des milliards de dollars de dettes potentielles en raison de sa responsabilité dans le "Camp Fire" qui a ravagé en novembre 2018 la bourgade californienne de Paradise, faisant au moins 86 morts et détruisant 18.000 bâtiments. Les conditions météorologiques étaient à l'époque similaire à celles qui prévalent actuellement dans le nord de la Californie, une région touchée à plusieurs reprises ces dernières années par de violents feux de forêt.
Le mois dernier, la société a annoncé le versement de 11 milliards de dollars aux compagnies d'assurance ayant indemnisé les victimes du "Camp Fire".
PG&E avait été critiquée à l'époque pour n'avoir pas coupé l'électricité dans des zones à risque comme d'autres opérateurs le font, avec succès, depuis plusieurs années.
Mais elle a aussi été critiquée mercredi pour avoir mis en oeuvre ces coupures préventives, qui obligent à fermer écoles, universités et autres lieux publics. Jerry Hill, un sénateur local démocrate dont la circonscription est privée d'électricité, a ainsi jugé ces mesures "excessives". "Ca appartient au Tiers Monde, et ce n'est pas notre cas", a-t-il estimé.
Pour atténuer l'impact des coupures, PG&E a ouvert dans les zones concernées des "centres" où les habitants peuvent venir recharger leurs appareils électriques, bénéficier de locaux climatisés, etc.
Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a pris la défense de cette stratégie de PG&E. "C'est un énorme désagrément. Personne ne veut de ça. Mais c'est une question de sécurité publique", a-t-il souligné.
Le drapeau rouge pour les incendies flotte également sur le sud de la Californie, où d'autres opérateurs pourraient à leur tour couper le courant.