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Depuis 2022 à Bruxelles et fin 2023 en Wallonie, les propriétaires de panneaux photovoltaïques peuvent partager leur électricité avec leurs voisins. Des partages intéressants financièrement pour les producteurs et les consommateurs de cette énergie locale et qui sont aussi avantageux pour l’environnement. Partager son énergie dans son quartier, comment ça marche?
Steffen est un Bruxellois qui déborde d’énergie, au sens propre comme au figuré. En mars dernier, il a installé sur son toit des panneaux solaires. Il suit sa production via son smartphone : "On voit la production, donc je produis 2,3 kilowattheures aujourd’hui, ce qui n’est pas grand-chose par rapport à un jour d’été".
En Belgique, un ménage moyen équipé de panneaux photovoltaïques consomme moins de 40% (37.76% selon la Cwape, la Commission wallonne pour l’Energie) de l’électricité qu’il produit. A Bruxelles et pour les nouvelles installations en Wallonie, le surplus est revendu sur le réseau. Pour Steffen c’est différent, il revend son électricité excédentaire à ses voisins.
Le concept d’une communauté d’énergie m’a plu
"Si je l’injecte dans le réseau, la rétribution est faible et elle dépend du marché. Le concept d’une communauté d’énergie m’a plu", confie-t-il.
Et pour profiter de l’électricité photovoltaïque pendant qu’elle est produite, donc quand le soleil brille en journée, rien de tel qu’un commerce ouvert en journée. Louis, gérant d’un magasin, consomme l’énergie produite par les panneaux, situés notamment chez Steffen. En ce moment, l’énergie solaire produite par les membres de la communauté d’énergie comme Steffen alimente les lampes et les frigos de Louis. Une électricité locale, renouvelable et moins chère.
Une électricité moins chère que chez le producteur principal
"L’électricité qui nous est revendue par le système coopératif en question est moins chère que l’électricité qu’on achète chez le producteur principal", souligne Louis.
En janvier 2024, Louis payait environs 30 centimes pour chaque kilowattheure consommé via son fournisseur d’électricité. Via la communauté d’énergie, il paye 14 centimes.
Le système est aussi intéressant pour Steffen. Son fournisseur rachète l’électricité de ses panneaux solaires 6 centimes contre 11 via sa communauté d’énergie. Conséquence, Louis reçoit deux factures : l’une pour son électricité classique et l’autre pour l’électricité consommée quand il y a du soleil.
Une seule contrainte: avoir un compteur intelligent
"On fait des économies et on prend de l’énergie propre aussi, ce qui est important pour nous. Par exemple, sur la facture d’octobre, on voit qu’on a reçu du système 1.754 kilowattheures, ce qui n’est quand même pas négligeable et à un prix de 14 centimes le kWh, ce qui est très intéressant", précise-t-il.
Pour le mois d’octobre, cela représente une économie de plus de 450 euros pour Louis. Seule contrainte : faire installer gratuitement un compteur intelligent qui permet au gestionnaire du réseau d’analyser la consommation des membres de la communauté tous les quarts d’heure.
"Toutes les 15 minutes, l’ensemble des producteurs de la communauté d’énergie a peut-être produit 1.000. L’ensemble des consommateurs a peut-être consommé 1.200. Sibelga va dire : il y a 1.000 qui peuvent être échangés entre les différents membres", explique Gregory Van Eerdenbrugghe, fondateur d’une communauté d’énergie.
Trois formes de partage
Aujourd’hui, il existe trois formes de partage : au sein d’une communauté via la création d’une ASBL, entre voisins d’un même immeuble ou d’une même rue. Le système s’adresse autant aux propriétaires qu’aux copropriétaires.
Jean Frippiat est mandaté par la Région pour aider les Bruxellois qui souhaitent partager leur électricité: "On donne la possibilité à des consommateurs de consommer de l’électricité produite localement à un prix stable, fixé entre les deux parties, entre le producteur local et le consommateur et surtout aussi un prix qui n’est pas forcément lié au marché de l’électricité", éclaire le facilitateur partage et communautés d’énergie.
Partager son électricité solaire localement c’est aussi moins surcharger le réseau lorsqu’il fait très beau. C’est enfin consommer une énergie renouvelable, moins polluante pour la planète.