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100.000 personnes bientôt exclues du chômage? Voici pourquoi les CPAS sont inquiets

À partir du 1er janvier 2026, les allocations de chômage seront limitées dans le temps : maximum 2 ans. 100.000 personnes risquent de se retrouver exclues du chômage. Elles pourraient devoir demander de l'aide au CPAS, même si le gouvernement promet une aide financière, les centres publics d'action sociale sont inquiets, surtout dans les grandes villes, où cette compensation pourrait ne pas être suffisante.

À Ciney, 210 personnes bénéficient actuellement du revenu d'intégration sociale. Après la réforme des allocations de chômage, le centre public d'action sociale (CPAS) s'attend à devoir en accueillir une petite centaine de plus. "On craint de ne pas pouvoir fournir un accompagnement qui soit aussi intensif que ce qu'on peut apporter pour l'instant", explique Justine Verhagen, la cheffe des services sociaux du CPAS de Ciney.

"J'ai des collègues qui reçoivent des bénéficiaires une fois par semaine, une fois tous les 15 jours. Si on a une augmentation de la charge de travail, on ne pourra plus assurer des rendez-vous aussi réguliers. Mais en même temps, on s'attend à voir venir des gens qui seront peut-être plus proches de l'emploi que les personnes qu'on doit suivre de manière plus intensive chez nous", nuance-t-elle.

La prise en charge des chômeurs exclus nécessitera des moyens supplémentaires, tant au niveau humain que financier. En 2015, la précédente réforme des allocations de chômage avait coûté 400 000 euros au CPAS de Ciney. L'impact pourrait être comparable en 2026. "Inquiète, non, pas pour l'instant. Maintenant, il faudra voir les mesures qui vont être mises en place pour aider le CPAS, pour pouvoir affronter cette vague de bénéficiaires qui va peut-être arriver", réagit Séverine Goedert, présidente du CPAS de Ciney. "Si on n'a pas les mesures financières supplémentaires par le gouvernement, c'est les communes qui vont trinquer."

L'État fédéral rembourse, selon la taille des communes, 55 à 70 % du revenu d'intégration versé par les centres publics d'action sociale. Les CPAS wallons réclament une meilleure compensation, d'autant qu'ils seront chargés de remettre les chômeurs exclus au travail. Luc Vandormael, président de la Fédération des CPAS wallons, ne cache pas ses doutes : "Là où le Forem, lui-même, n'a pas pu remettre ces personnes au travail depuis un an, deux ans, cinq ans, parfois même plus, on peut quand même se poser la question quant à la capacité des CPAS à réussir ce challenge."

La Fédération des CPAS de Wallonie réclame :

  • Une compensation financière juste et structurelle ;
  • L’abandon du projet de financement basé sur un système de "bonus-malus", jugé inéquitable car il pénaliserait les CPAS accompagnant des publics plus éloignés de l’emploi tout en encourageant une logique de tri et va à l’encontre du principe d’égalité territoriale ; 
  • Une concertation immédiate avec l’ensemble des ministres fédéraux concernés par les matières CPAS ;
  • Une temporisation immédiate des mesures cumulatives qui vont impacter l’institution CPAS aux travers des trois niveaux de pouvoirs.

Selon le gouvernement fédéral, 100 000 chômeurs pourraient être exclus dès le 1er janvier 2026. Un chiffre sous-estimé, affirme la Fédération des CPAS, qui évoque 124.500 dont 55.000 en Wallonie.

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