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Elles tiennent une place très importante dans le service de Néonatologie de l’Hôpital Universitaire des enfants Reine Fabiola : les câlineuses de bébé. Des bénévoles qui prennent soin des enfants des parents qui ne peuvent être présents 24h/24 au chevet de leur progéniture, car ils travaillent, ont d’autres enfants à la maison, ou sont eux-mêmes hospitalisés. Ils peuvent alors compter sur l’aide et le soutien d’une équipe pendant cette longue hospitalisation.
Dans les bras de Virginie se trouve le petit Salar, âgé de 3 mois et une semaine. Né prématuré à seulement 26 semaines de grossesse, soit 14 semaines avant le terme, il est considéré comme un "prématuré extrême".
On voit immédiatement un changement de comportement
Virginie n'est pas sa maman. Elle fait partie de ce que l'on appelle ici des "câlineuses de bébés". Une fois par semaine, elle leur tient compagnie. "Le contact, la chaleur humaine, on voit immédiatement un changement de comportement. Si un bébé est agité, on peut rester plus d'une heure avec lui, le temps qu'il se calme", explique Virginie, bénévole.
Salar souffre de problèmes digestifs et est hospitalisé depuis sa naissance dans une unité de néonatologie intensive, réservée aux pathologies graves. "La plupart des familles ne peuvent pas être présentes 24h/24 lors d'une longue hospitalisation. Certains parents ont d'autres enfants à la maison, travaillent ou habitent loin. Ils ne peuvent donc pas être là tout le temps. Alors, ils comptent sur nous pour que leur bébé ne soit pas trop en détresse", explique Françoise Poskin, responsable des "Câlineurs de bébés" pour l’Asbl Huderf.
Des câlins essentiels
Mais pourquoi ces câlins sont-ils si essentiels pour ces nouveau-nés ? Denis, un autre bébé prématuré, trouve du réconfort dans les bras d'une autre câlineuse. La responsable du service de néonatologie confirme l'importance de cette présence : "Le cerveau du nouveau-né se développe très intensément. Toutes les expériences qu’il vit dès ses premiers jours influencent les connexions neuronales. Sans cela, des problèmes moteurs ou relationnels peuvent survenir. Le portage est crucial. Idéalement, c’est fait par les parents, mais en leur absence, la présence d’autres personnes contribue à leur bien-être", explique le Dr.Aline Vuckovic, directrice du service de néonatologie intensive à l’hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola.
Sans ces câlins, ils sont en danger
Pour que ces bénévoles puissent s'occuper des bébés, l’accord des parents est indispensable. Toutefois, ce n’est pas toujours possible. Certains parents, en raison de problèmes d'addiction ou de troubles psychosociaux, peuvent perdre leurs droits après la naissance. Le bébé se retrouve alors seul à l’hôpital. "Dans ces cas-là, certains parents peuvent avoir des droits de visite surveillés, mais beaucoup viennent peu. Face à cette situation, on fait vite appel aux câlineuses. Sans ces câlins, les bébés sont en danger de carence psycho-affective majeure", souligne la cheffe de service.
Ils nous donnent beaucoup
Dans les situations les plus extrêmes, le manque d'affection peut conduire à des décès parmi les nouveau-nés hospitalisés. Les câlineurs se mobilisent donc pour prévenir ces drames. Ils sont actuellement environ 70 à offrir leur présence dans cet hôpital de référence pour enfants, ainsi que dans d'autres établissements de Bruxelles et de Wallonie. "On donne beaucoup à ces petits, mais ils nous apportent énormément aussi. Nous évitons de nous attacher parce qu'ils ne sont pas nos enfants, ni de notre famille. Bien sûr, j'aimerais avoir des nouvelles d’eux plus tard. Mais je leur souhaite bonne chance et on passe à d'autres bébés qui ont besoin de nous", confie Virginie. "Évidemment, on garde en mémoire ceux dont on s'est beaucoup occupé, mais la vie continue."
Pour le petit Denis, soigné pour des troubles respiratoires chroniques, une sortie de l’hôpital pourrait bientôt être envisagée. En revanche, Salar devra encore patienter plusieurs mois avant de pouvoir rentrer chez lui.