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Nouveaux uniformes chez Brussels Airlines : comment le look des hôtesses de l'air a-t-il évolué?

Chaussures en cuir de cactus, haut bleu marine aux nuances couleur champagne, uniformisation entre les hommes et les femmes. La compagnie aérienne actualise les tenues de ses employés dans un subtil alliage de modernité et d’inspiration 60’s. L’occasion pour RTL de revenir sur près d’un siècle de mode au-dessus des nuages du plat pays.

Au milieu des étroits couloirs des avions belges, souffle un air de vent frais. Avec ses nouveaux uniformes pour ses pilotes et ses hôtesses, Brussels Airlines entre dans l’ère du dress code inclusif, neutre mais aussi écologique. En bref, résolument moderne.

Fini les tailleurs serrés, les inconfortables talons aiguilles et le maquillage obligatoire, typiques d’un temps révolu, les tenues se veulent en accord avec leur époque. Mais comment ont évolué les uniformes des hôtesses à bord des avions ?

Uniforme et vision de la femme

Janvier 1946. Un Douglas DC-4 de la Sabena sillonne le ciel en direction de Léopoldville [NDLR : aujourd’hui Kinshasa], capitale d’un Congo encore colonie belge. À son bord, Jeanne Bruyland embarque pour la première fois comme hôtesse de l’air, une nouvelle fonction venue des Etats-Unis et qui se répand dans l’Europe d’après-guerre.

Son rôle ? Prendre soin des passagers à la manière d’une infirmière du ciel. Sa tenue s’accorde alors avec cette fonction. "A l’après-guerre, les uniformes des hôtesses s’avèrent avant tout utilitaires. Les fabriques manquent de tissu alors les jupes se raccourcissent et le tailleur est de mise. Mais l’époque reste difficile. Il semble de mauvais ton de repartir dans quelque chose de glamour. La philosophie, c’est surtout de faire avec les moyens du bord", détaille Sandrine Counson, enseignante à l’HELMo Mode de Liège.

La décennie suivante voit la relance de l’industrie textile. "Les robes se rallongent. La femme qui pensait avoir gagné en indépendance à la fin du conflit redevient un objet de la réussite de l’homme", raconte Sandrine Counson. Le style des uniformes effectue un bond en arrière. Maquillage éclatant, tailles resserrées contraignant le corps des employées. L’hôtesse de l’air devient la figure type de l’objet de désir, une projection fantasmée du désir masculin.

Son corps est mesuré, scruté, contrôlé afin de répondre aux canons de beauté de l’époque. Selon Sandrine Counson : "Il faut voir la métamorphose de l’habit de travail comme une évolution de la vision du corps de la femme. La tenue du personnel aérien retranscrit l’esthétique d’une époque, mais aussi la place de chaque sexe dans la société à un moment donné".

De la révolution sexuelle à la Working girl

La révolution sexuelle des golden sixties libère les tenues féminines du monde entier. L’uniforme des compagnies aériennes n’y échappe pas. "On retourne dans du court. Mary Quant et Courrège lancent la mode de la minijupe, la femme se libère", explique la spécialiste liégeoise de l’histoire de la mode.

Les couleurs vives et les jupes légères prennent place entre les sièges en cuir des avions. Les décennies qui suivent marquent quant à elle un pas en avant vers une figure moins fantasmée de l’hôtesse qui se traduit par des habits plus neutres et fonctionnels.

"On remet le job à sa place. On sort du pur fantasme, du glamour hollywoodien qui les entoure. Les années 80’ sacrent plutôt le modèle de la working girl avec des tailleurs aux épaules larges, des jupes crayons. C’est le symbole de la femme qui travaille et surtout réussit. Les compagnies aériennes, toujours à l’affût de ce qu’il se passe dans le milieu de la mode, s’en inspirent", décrit Sandrine Counson. Dans un même temps, la profession, autrefois confinée à de jeunes dames, s’ouvre peu à peu à la gent masculine.

Ces évolutions transcrivent également une évolution des règles en matière de sécurité. Les talons aiguilles et le tailleur serré laissent au fur et à mesure place à des habits plus adaptés aux tâches à accomplir lors des vols. Pour la professeure d’histoire de la mode à l’Helmo : "Les mouvements effectués aujourd’hui par le personnel de bord chargé de la sécurité et du bien-être des passagers auraient été hasardeux dans les vêtements et chaussures du siècle dernier qui entravaient la liberté de déplacement".

Élégance et belgitude à bord

Reflet de décennies de changements, les récents uniformes de Brussels Airlines veulent envoyer un message clair. Col roulé et robe trapèze, la dernière collection reprend le glamour libérateur des sixties, mais en le modernisant grandement. À l’atterrissage, après deux ans de travail, des silhouettes contemporaines et intemporelles signées par Gabrielle Szwarcenberg, jeune étudiante de la prestigieuse Académie royale des beaux-arts d'Anvers.

"Je voulais que le design soit élégant et sophistiqué, tout en donnant la priorité à la performance et au confort du personnel. C'est la raison pour laquelle nous introduisons des articles tels que des cols roulés ou des baskets, afin que chacun soit à l'aise. Vous trouverez également des références subtiles aux icônes belges, comme l'Atomium sur les foulards et sur la doublure intérieure des blazers", énumère la créatrice flamande.

Au-delà des références graphiques à la Belgique, Brussels Airlines a opté pour une collaboration avec diverses entreprises du cru. Les employés arboreront bientôt aux pieds les chaussures fabriquées à la main par la société Ambiorix, située à Tongres, mais aussi les créations d’Atelier Content dessinées en Flandre et confectionnées artisanalement en Italie.

Loin d’un vulgaire greenwashing, Sandrine Counson salue une démarche globale : "Il existe une large réflexion de Brussels Airlines par l’appel à une jeune diplômée qui opte pour l’unisexe, le body positive. La volonté semble d’embrasser l’ensemble des préoccupations actuelles tout en étant dans une approche slow fashion qui met en valeur des entreprises locales".

En accord avec son époque

En supplément du nouvel uniforme, Brussels Airlines a décidé de pousser le curseur un cran plus loin en mettant à jour ses consignes. Les directives en matière de coiffure, de maquillage et de bijoux ne seront par exemple plus différentes pour les hommes et les femmes. Certains styles et palettes de couleurs devront ainsi être respectés, quel que soit le sexe de l'employé.

Le maquillage devient également facultatif pour tous. En renouvelant ses uniformes et ses instructions, la société de transport aérien tient à rester en accord avec son époque. Pour le Chief Operating Officer de la compagnie, Tilman Reinshagen : "Ces uniformes incarnent parfaitement tout ce que Brussels Airlines représente : la Belgitude, une plateforme pour les jeunes talents, la durabilité et l'inclusion".

 

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