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Manger des insectes pour polluer beaucoup moins: comment contrer l’effet "beurk"?

Manger des insectes permettrait de réduire considérablement les gaz à effet de serre émis pour la production alimentaire. Mais comment dépasser l’effet « beurk » ? Plusieurs solutions existent pour nous faire manger des insectes.

On présente les insectes comme les aliments du futur. Notre journaliste, Simon François, les propose alors à la dégustation dans un marché. Ses grillons ne suscitent pourtant pas que des réactions enthousiastes. "J’en ai déjà mangé. C’est bon, c’est croustillant", dit un monsieur. "Oh, non, je vois ses petits yeux et tout, franchement je ne peux pas", s’exclame une dame.

Une stratégie du "step by step"

Les spécialistes appellent ça l’effet "beurk". Une entreprise qui commercialise des biscuits apéritifs l’a bien compris : une partie des consommateurs n’est pas prête à déguster des insectes entiers. Ces crackers contiennent donc 3% de farine de grillon.

"Le 3% vient d’une stratégie step by step, on fait ça petit à petit pour essayer de familiariser en douceur à la consommation de protéines d’insectes", explique Livia Durazzo, responsable commerciale chez Yuma.

L’objectif est d’y aller en douceur pour progressivement décarboner notre alimentation. Par rapport à un kilo de viande de bœuf, un kilo d’insectes consommera beaucoup moins de végétaux et d’eau. L’élevage de nombreux individus ne demande que quelques mètres carrés et émet au final de 50 à 500 grammes de CO2, 60 fois moins de gaz à effet de serre qu’un kilo de viande bovine.

Les insectes comestibles, cela ne prend pas au niveau européen

Pour encourager la consommation d’insectes et dépasser l’effet beurk, Rudy Caparros étudie une autre solution : les larves de mouche soldat noire. Ces larves se nourrissent de déchets alimentaires produits par une brasserie locale. 

L’avantage de la larve de mouche soldat noire, c’est qu’elle se développe très rapidement. Elles sont capables de multiplier leur poids par 200 en seulement 15 jours. Elles fournissent ensuite un apport de protéines très important pour les animaux d’élevage. Elles pourront, par exemple, nourrir des porcelets qui viennent de quitter leur mère.

"Cela fait plus d’une dizaine d’années qu’on parle des insectes comestibles dans l’alimentation humaine et cela ne prend pas au niveau européen. Et donc, l’objectif ici avec ce type d’élevage, c’est plutôt de passer par les animaux d’élevage plus classique qui vont être nourris avec ces insectes. Donc, on peut aller vers de la volaille, du porc et du poisson, par exemple", souligne Rudy Caparros, entomologiste à l’ULiège.

Et le modèle peut être développé à l’échelle industrielle. A Rethel, dans les Ardennes françaises, cette usine se spécialise dans la mouche soldat noire. Elle compte transformer 280.000 tonnes de résidus organiques en 30.000 tonnes de farines d’insecte, destinées principalement à l’aquaculture.

"On a l’aquaculture qui explose en termes de production et qui a besoin de matières premières pour l’alimenter", précise Raphaël Smia, porte-parole d’une usine de farine d’insectes. 

Aujourd’hui, les farines pour poisson d’élevage sont en partie fabriquées à base de poisson sauvage. Une situation qui encourage la surpêche.

Meilleurs pour l’environnement, champions du recyclage, les insectes se frayent lentement un chemin vers notre assiette. On estime que la moitié des Européens aura déjà gouté un insecte d’ici la fin de la décennie. 


 

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Commentaires

5 commentaires

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  • Si ils savaient où ils peuvent se les mettre leurs insectes

    Alain Schmit
     Répondre
  • Encore une belle ouverture d'esprit. On sent directement les gens tellement engoncés dans leur petite habitude et culture, qu'ils considèrent tout ce qui en rentre pas dans leur petite tête comme dérangé... Pourtant, il faut être encore plus dérangé pour manger du lait moisi (fromage), de la viande crue, etc.

    Thierry Frayer
  • Il n'y a que ceux qui ont la tête un peu dérangé qui mangent ça

    Alain Schmit
     Répondre
  • Absolument de votre avis ! Une brochette de cuisses d'abeilles au barbecue : un vrai nectar ! Mais il en faut plus d'une... Et il est vrai que le charbon de bois n'est plus vraiment conseillé !

    Gaël D
  • Bah c'est surtout un problème culturel. Plein de gens mangent des huitres ou des moules alors que c'est tout aussi "beurk" que des insectes, et souvent moins sain. Il y a aussi des gens qui mangent des yeux de porc ou autres parties peu ragoutantes. Sans parler du fait qu'on mange et bois des produits "moisis" comme le fromage, la bière, etc. Perso les insectes je trouve ça assez bon :)

    Thierry Frayer
     Répondre