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Les agents de gardiennage dans les rues de Charleroi seraient "un leurre" pour les syndicats: "Ça ne va pas créer de la sécurité "

Charleroi innove en étendant les missions des agents de sécurité, traditionnellement cantonnés aux lieux privés, vers la voie publique dans le cadre de zones Vigilis. Un projet pilote va tester cette nouvelle approche de sécurité urbaine dans plusieurs quartiers de la ville.

Habituellement, les agents de gardiennage opèrent dans des espaces privés tels que les centres commerciaux, les supermarchés, ou encore les boîtes de nuit.

Certains de ces agents, déjà en poste pour sécuriser le centre commercial Rive Gauche, seront bientôt appelés à assurer une surveillance extérieure, en particulier sur des places publiques et aux abords du campus universitaire.

Ils auront pour mission de signaler rapidement à la police tout comportement illicite observé, sans toutefois se substituer aux forces de l'ordre.

Julie Patte, bourgmestre faisant fonction de Charleroi, précise : "Ce ne sont pas des remplaçants de la police, mais ils contribuent à la sécurité en échangeant des informations et en alertant les autorités compétentes."

Les zones Vigilis : une nouvelle approche de la sécurité urbaine

Le projet repose sur la création de zones Vigilis, où les agents de sécurité pourront exercer leurs fonctions en dehors des bâtiments. Cette initiative est rendue possible grâce aux dispositions légales en vigueur, qui permettent de tels déploiements dans des zones spécifiques.

Par le passé, ces zones ont connu des problématiques liées à la drogue, et la présence accrue d'agents de sécurité pourrait aider à dissuader de tels comportements.

Laurent Van Doren, chef de corps de la police de Charleroi, explique que les agents pourront intervenir face à des situations variées : "Cela peut concerner une personne souhaitant consommer des stupéfiants, un sans-abri cherchant à se réfugier dans un bâtiment, ou encore un étudiant en état d'ébriété."

Des inquiétudes du côté syndical

Toutefois, ce projet suscite des préoccupations parmi les syndicats de police. Thierry Belin, président du syndicat libre SNPS, s'inquiète des risques liés à l'extension des missions des agents de gardiennage : "Ça présente un danger parce que les agents n'ont absolument aucune prérogative judiciaire et donc ils ne peuvent pas intervenir en tant que policiers qui ne le sont pas".

Selon lui, ces agents n'ont aucune prérogative judiciaire et ne peuvent pas intervenir comme des policiers. "C'est un leurre de faire croire qu'on va créer de la sécurité avec ces agents qui devront inévitablement appeler la police pour constater effectivement s'il y a quelque chose à constater."

Belin souligne également que ce recours accru aux agents de sécurité pourrait être une réponse au manque de policiers dans la ville, estimé entre 100 et 150 agents. Il appelle à renforcer les effectifs de police pour répondre efficacement aux besoins de sécurité publique.

La ville de Charleroi, qui a récemment voté ce projet, promet des évaluations régulières pour ajuster le dispositif en fonction des résultats obtenus.

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