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En Belgique, la question de l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle reste un défi. Contrairement à Amazon qui annonce la fin du télétravail dès 2025, les entreprises belges poursuivent leur réflexion sur le juste milieu à trouver. Dans notre pays, 25% des travailleurs peuvent faire du télétravail. Cela va-t-il changer ?
En 2024, environ un quart des travailleurs belges peuvent télétravailler un ou deux jours par semaine, une hausse notable par rapport à 2022 où ils n’étaient que 14 %, selon une étude de SD Worx. Toutefois, la norme actuelle est plutôt d'un jour par semaine, avec des variations selon les secteurs et les préférences des salariés.
Amazon, de son côté, a pris une direction opposée. Après avoir exigé trois jours de présence au bureau depuis février 2023, l’entreprise américaine mettra un terme définitif au télétravail dès janvier 2025 pour ses employés administratifs. Et elle n'est pas la seule: X (ex-Twitter) a déjà exigé ce retour au bureau, évoquant des problèmes de productivité. UPS et Boeing, plus tôt cette année, avaient déjà exigé une présence de 5 jours par semaine à tout ou partie de leurs employés. Une enquête de KPMG auprès de 400 dirigeants confirme ce changement: en avril, seulement 35 % des dirigeants d’entreprises interrogés imaginaient un retour de leurs salariés à temps plein au bureau dans un futur proche ; à la rentrée, ils étaient près de 80 %.
Un tel revirement est-il légal ? Oui, d’un point de vue juridique, un employeur pourrait imposer un retour au bureau. Mais c'est plus complexe à justifier sur le plan humain, car beaucoup de travailleurs ont trouvé un rythme de travail à distance qui correspond à leur organisation personnelle.
Un compromis recherché dans les entreprises
Pour de nombreux employeurs belges, la flexibilité du télétravail reste un atout crucial pour attirer et fidéliser les talents. Selon une enquête menée par le SPF Mobilité et Transports entre août 2023 et juillet 2024, le télétravail permet d’éviter 34 millions de kilomètres de trajets par jour, dont 16 millions en voiture.
Manuel Pallage, directeur du Groupe NSI, une société de services informatiques, partage son expérience : "Depuis la pandémie, nous avons opté pour deux jours de télétravail par semaine, après avoir testé le télétravail intégral".
Selon lui, le télétravail avait deux impacts négatifs sur l'entreprise. "Maintenir une forte culture d’entreprise sans interactions sociales est très difficile" affirme-t-il. De plus, "on perd rapidement l’intelligence collective" quand les équipes sont constamment en télétravail.
L'avenir du télétravail en Belgique
En Belgique, les experts estiment que le télétravail et le modèle hybride sont appelés à perdurer. Kathleen Jacobs, consultante juridique chez SD Worx, souligne que "la flexibilité est dans le top 3 des priorités pour les employeurs".
Pour elle, il n’y a pas de tendance à une suppression totale de ce type de travail en Belgique: "Le télétravail et le travail en hybride sont là pour rester mais on constate qu'il y a certains employeurs qui vont réévaluer les régimes qu'ils avaient instaurés depuis le confinement".
Par contre, "il faut toujours un accord entre l'employeur et le travailleur". Cela signifie que l'employeur ne peut pas le "modifier unilatéralement, mais peut convenir des modalités pour diminuer ou le supprimer".