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Le Centre d'Action Laïque critique la visite d'Etat du pape en Belgique: "L'impartialité de l'Etat a été bafouée"

Le Centre d'Action Laïque a décliné l'invitation faite par le palais d'assister à la visite du pape au château de Laeken ce vendredi matin. D'après le centre, qui lutte pour une stricte séparation de l'Eglise et de l'Etat, la venue du pape en tant que chef d'Etat mais aussi en tant que chef spirituel sème la confusion et "bafoue l'impartialité de l'Etat".

Invité à s'exprimer sur la visite d'Etat du pape en Belgique, Lionel Rubin, directeur adjoint du centre d'études du CAL (le Centre d'Action Laïque, ndlr) a expliqué pourquoi le centre avait décliné l'invitation faite par le palais d'assister à la venue du pape au château de Laeken. "Effectivement, la présidente, Véronique Dekeyser, a souhaité ne pas répondre positivement à cette invitation", a-t-il confirmé, en précisant que ce que le CAL défendait était l'impartialité de l'Etat. "Ce que le centre interroge, ce n'est pas tant la visite en elle-même (…), mais le cadre dans lequel se déroule cette visite. Ici, la séparation entre l'Eglise et l'Etat a été bafouée".

Lionel Rubin questionne la légitimité de cette invitation. "Au nom de quoi un leader religieux a pu bénéficier de tant de privilèges durant ces 4 jours et d'une invitation de la part du roi dans sa résidence privée ", a-t-il demandé.

Invité à répondre au CAL, Tommy Scholtès, porte-parole des évêques de Belgique, a rappelé que le pape était également un chef d'Etat. "Un tout petit Etat, c'est vrai, mais qui a une parole qui a du sens, a-t-il considéré. Le personnage du pape est d'abord le personnage politique avec un discours sur un certain nombre de points (la fraternité, la relation, le dialogue, la culture, l'histoire de la Belgique) qui n'ont rien de religieux". Pour le porte-parole des évêques, il est important que le pape parle de valeurs lors de ces nombreux voyages. "Il ne parle pas de la foi, il parle de ce qui est important pour lui", rappelant que d'autres personnalités ont eu droit à un traitement similaire. "C'était le cas pour le Dalaï-Lama et le grand patriarche de Constantinople, a-t-il cité. Venir épingler la personnalité du pape ne me paraît pas juste".

Aux yeux du CAL, le fait que le pape soit reçu en tant que chef d'Etat chez le roi, puis intervienne en tant que chef religieux dimanche lors de la messe qu'il donnera, sème le trouble. "C'est le flou qu'on dénonce dans l'idée de cette visite, c'est tout le problème: on n'a pas de vision claire sur ce qu'il est", a argumenté Lionel Rubin pour qui il faut faire la lumière sur cette visite du pape.

Concernant la "honte" que le pape a exprimé au sujet de l'attitude de l'Eglise face aux agressions sexuelles, Tommy Scholtès a rappelé que depuis une dizaine d'années, dans tous les pays du monde qu'il a visités, "le pape a rencontré des groupes de victimes" et a "toujours demandé pardon".

Le Centre d'Action Laïque a quant à lui salué le fait que le pape ait parlé de "crimes" et non plus de "péchés" au sujet des agressions sexuelles commises dans le cadre religieux. Néanmoins, le CAL a rappelé ses exigences en la matière. "Que l'Eglise fasse son examen de conscience, qu'elle accompagne de manière radicale les victimes dans leur reconstruction, qu'elle fasse de la prévention pour qu'il n'y ait plus ces violences sexuelles au sein de l'institution et de punir et exclure ces prêtres" pédocriminels, a expliqué Lionel Rubin, directeur adjoint du centre d'études du CAL.

Le CAL s'est également réjoui des mots "sans ambiguïté" utilisés par le Premier ministre Alexander de Croo et le roi dans leur discours au sujet des violences sexuelles commises dans l'Eglise.
 

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