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L'Eglise catholique "doit avoir honte et demander pardon" pour les violences sexuelles sur mineurs commises par le clergé en Belgique, a affirmé vendredi le pape François à Bruxelles sur fond de fortes attentes des victimes.
"L'Eglise doit avoir honte et demander pardon, et chercher à résoudre cette situation avec l'humilité chrétienne, et faire tout son possible pour que cela ne se reproduise pas", a déclaré le pape argentin dans un discours aux autorités du pays au Château de Laeken. "J'entends dire: 'mais selon les statistiques, la grande majorité des abus se font dans les familles, les quartiers, ou dans le monde du sport ou éducatif'... Un seul cas suffirait pour avoir honte ! Dans l'Église, nous devons demander pardon pour cela", a-t-il insisté en improvisant son discours. "Ceci est notre honte et notre humiliation", a-t-il encore ajouté.
Dans le même temps, le pape a assuré que l'Eglise s'attaquait "avec détermination et fermeté" au "fléau" des violences sexuelles sur mineurs, "en écoutant et en accompagnant les personnes blessées et en mettant en oeuvre un vaste programme de prévention dans le monde entier".
Les agressions sexuelles et adoptions forcées au coeur des différents discours
Arrivé jeudi soir en Belgique pour une visite de trois jours, le pape de 87 ans fait face à de fortes attentes de victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé. Dans son discours, le Premier ministre Alexander De Croo a eu des mots forts en évoquant "les blessures douloureuses" liées aux "nombreux cas d'abus sexuels et d'adoptions forcées" qui "ont gravement entamé la confiance".
De son côté, le roi Philippe a rendu hommage à "l'intransigeance" du pape qui a "agi concrètement" face à "ces abominables violences", comme en levant le secret pontifical ou en obligeant les religieux et laïcs à signaler tout cas à leur hiérarchie.
Le pape poursuivra ensuite ses rencontres
Le chef de l'Eglise doit recevoir 15 victimes, hommes et femmes, en fin de journée à la nonciature (l'ambassade du Saint-Siège), a indiqué une source proche du dossier.
Le dossier a refait surface en Belgique à l'automne 2023 avec la diffusion d'un documentaire choc où témoignaient des victimes livrant un secret enfoui parfois pendant des décennies, beaucoup déplorant une omerta dans l'Eglise pour protéger les agresseurs et le fait de n'avoir jamais pu obtenir justice.
Dans une lettre ouverte publiée début septembre par le quotidien Le Soir, des victimes ont réclamé une parole forte de François, lui demandant d'instaurer un processus de réparation financière, d'organiser une "réflexion de fond" sur le célibat des prêtres et de "renforcer le travail de libération de la parole, qui n'en est en réalité qu'à ses balbutiements".