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Exils, démissions, excuses...comment l'Église gère-t-elle les affaires de pédophilie en interne?

Décédé en 2007, l'abbé Pierre est depuis juillet visé par des accusations de violences sexuelles commises entre les années 1950 et 2000. Julio, responsable de la fondation Emmaüs "La Poudrière, a décidé de faire retirer toutes les photos et les statues de l’Abbé qui se trouvaient dans les magasins ou dans les réfectoires de la fondation. "Quand il venait en Belgique, c’est dans notre communauté qu’il logeait ", précise Julio. "Maintenant, mon regard a tout à fait changé. Une idole est tombée de son piédestal". Que fait l'église de ces hommes ? Que risquent-ils ? 

L’ancien évêque de Bruges, Roger Van Geluwe, a démissionné après avoir avoué des abus sexuels sur son neveu dans les années 80. Selon des médias néerlandais, il vivrait désormais dans une abbaye située dans la Sarthe, en France. Ce n’est qu’en mars dernier qu’il a été officiellement renvoyé de l’état clérical.

Un changement dans la gestion des scandales

Cette affaire reflète un tournant dans l’histoire de l’Église catholique, qui avait plutôt l’habitude de dissimuler ce type de scandales. Par le passé, l’Église protégeait les prêtres accusés en les envoyant dans des abbayes à l’étranger, en modifiant leurs affectations ou en leur demandant de se faire discrets pendant un certain temps. C'est ce qui s'est passé avec l'abbé Pierre, dont le comportement était déjà connu en 1958. Une lettre de l’archevêque de Paris à l’époque déconseillait au ministre de la Fonction publique de décorer l'abbé, le qualifiant de "grand malade", bien que ses actes aient été dissimulés par des évêques et des responsables d’Emmaüs.

La reconnaissance tardive des victimes

Ce n’est que dans les années 90 que la parole des victimes a commencé à être prise plus au sérieux, et que les systèmes judiciaires du monde entier ont commencé à s’emparer de ces affaires. Certains prêtres ont été condamnés et emprisonnés. Cependant, de nombreux cas étaient prescrits, ce qui limitait les poursuites. En réponse, l’Église a présenté ses excuses et a pris des mesures plus concrètes, en destituant, écartant ou forçant à la démission les prélats impliqués dans des abus.

Des sanctions et des indemnisations

Aujourd’hui, l’Église indemnise les victimes et sanctionne non seulement les agresseurs, mais aussi ceux qui ont couvert leurs actes. Selon le Nieuwsblad, au cours des dernières années, 18 prêtres belges reconnus coupables d’agressions sexuelles ont été renvoyés à l’état laïc par le Vatican. Ces mesures témoignent d’une volonté croissante de l’Église de rendre des comptes et d’apporter une justice aux victimes.

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