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À Ghlin, l’effondrement d’une toiture d’école en construction relance le débat sur la sécurité dans le secteur. Malgré des contrôles et des formations, des erreurs persistent. Chaque jour, 150.000 ouvriers prennent des risques sur les chantiers. Comment mieux les protéger ?
Une enquête a été ouverte à Ghlin pour déterminer les causes de l'effondrement, ce mardi, de la toiture d'une école en construction. Quatre ouvriers et un pompier avaient été blessés. On sait que l'accident s'est produit alors que les ouvriers coulaient une chape de béton. Un travail qui avait pourtant été apparemment autorisé la veille par un ingénieur en stabilité.
Ce n'est pas le premier accident qui survient sur un chantier. Le secteur de la construction est d'ailleurs le plus risqué en la matière. Et c'est normal quand on sait que chaque jour, plus de 150 000 ouvriers travaillent sur des chantiers en Belgique avec des formations et des règles de sécurité importantes à respecter.
Sur le chantier d'un immeuble de bureau de 750 mètres carrés sur trois étages, les ouvriers sont équipés de matériel de protection. Des garde-corps sont également installés pour éviter les chutes.
La sécurité est constamment au centre des préoccupations : "On a des conseillers en prévention externe que l'on rémunère pour aller voir sur nos chantiers si effectivement toutes les mesures de sécurité sont bien prises au bon moment. Et effectivement, on le fait souvent aux étapes clé, avant le bétonnage, vérifier que tout est bien étançonné, que nos ordis sont bien posés", explique Geoffroy Doquire, administrateur-délégué de l'entreprise de construction.
Pour étançonner, par exemple, un ingénieur en stabilité doit tout calculer avant l'installation, comme l'explique Luc Bois D'Enghien. "On pose des filières, c'est avec des étançons, une poutre en bois au plafond, et en fonction de la largeur, c'est une ou deux filières. On respecte les données de l'ingénieur pour notre sécurité et pour la sécurité du bâtiment en elle-même."
Malgré tout, parfois, des erreurs peuvent se produire, comme nous l'explique le directeur général de la Fédération de la Construction, Embuild. "On a un constant dialogue pour les éviter, mais on constate effectivement que, nonobstant l'utilisation d'ordinateurs et de contrôles sur place, de temps à autre, il y a encore des erreurs dans le calcul de stabilité qui peuvent provoquer un incident malheureux tel qu'à Ghlin", admet Niko Demeester.
Ces risques, des entreprises spécialisées dans l'isolation tentent de les réduire au maximum. Avant chaque début de chantier, les lieux sont vérifiés par trois personnes différentes. "On insiste vraiment sur le fait que la sécurité et la prévention, c'est vraiment l'affaire de tous. Et ce n'est pas simplement un petit département ou une personne qui est conseillée en prévention qui doit gérer l'ensemble de la responsabilité, mais c'est vraiment impliquer tout le monde dans la démarche", précise Alberto Cordova, responsable opérationnel sécurité et prévention.
Mederic Jean est chef d'équipe. Il ne débute jamais les travaux avant de tout contrôler avec ses collègues, comme quand la cage d'escalier pose problème. "On essaie de trouver des solutions. Ici, on avait de grosses poutrelles de C17, donc on les a étalées pour poser ensuite un panneau d'ASB et comme ça, on recouvre l'entièreté de la cage d'escalier."
En 2023, il y a eu 7 613 accidents dans le secteur de la construction. C'est 3,3 % de moins que l'année précédente, mais les efforts doivent se poursuivre.
"Dernièrement, en 2023, on a introduit une obligation de formation de sécurité pour tout le monde qui se présente sur un chantier", indique Niko Demeester. "Donc, non seulement nos ouvriers, mais aussi l'architecte, le fournisseur, le client, tout le monde qui entre sur un chantier doit être conscient des risques."
Chaque jour en Belgique, plus de 150 000 ouvriers travaillent sur des chantiers. Pour chaque projet, on estime qu'au moins 2 % du budget est consacré à la sécurité.