Partager:
Une récente étude du Vlaams Expertisecentrum Alcohol en andere Drugs (VAD) montre que les jeunes consomment de moins en moins d'alcool et commencent cette consommation de plus en plus tard. Cependant, l'usage de tranquillisants et de somnifères progresse.
Selon une étude, les jeunes belges reportent leur première consommation d’alcool à un âge moyen de 14,9 ans, contre 14 ans en 2011-2012. Cette tendance à la baisse se reflète aussi dans la proportion des élèves ayant déjà consommé de l'alcool : 48 % en 2022 contre 68 % une décennie plus tôt.
Les jeunes qui boivent régulièrement sont également moins nombreux : 10 % en 2022, contre 18 % en 2011-2012.
La consommation de somnifères en hausse
Les chiffres concernant le cannabis montrent une évolution similaire. En 2011-2012, 17 % des jeunes avaient déjà expérimenté cette drogue. Ce taux est désormais tombé à 9 %. L'an dernier, seulement 6 % des élèves ont consommé du cannabis, dont 1 % de manière régulière.
Contrairement à l'alcool et au cannabis, l'usage de tranquillisants et de somnifères, notamment chez les jeunes filles, est en augmentation. Entre 2011 et 2023, la proportion d'élèves ayant déjà utilisé ces médicaments est passée de 12 à 17 %. Plus de filles (20 %) que de garçons (13 %) sont concernées.
Une tendance observée aussi en Wallonie et à Bruxelles
Les élèves francophones de Bruxelles et de Wallonie suivent également cette tendance à la baisse de la consommation d’alcool, bien que de manière plus modérée. Une étude du SIPES réalisée tous les quatre ans montre qu’en 2022, 11,7 % des jeunes déclaraient boire de la bière chaque semaine, contre 17,8 % en 2010.
Par ailleurs, l’âge moyen du premier verre reste autour de 14 ans. Cependant, il existe des disparités régionales : l'expérimentation de l'alcool est plus fréquente en Wallonie (51,8 %) qu'à Bruxelles (28,7 %).
"L'alcool reste la première drogue consommée"
Malgré cette baisse, Thomas Orban, médecin et addictologue, rappelle que l'alcool reste la première substance consommée par les jeunes, avant la cigarette et le cannabis : "C'est extrêmement fréquent et il ne faut pas attendre longtemps pour que la majorité des jeunes aient testé l'alcool. À l'âge de 17 ans, la majorité d'entre eux ont déjà consommé de l'alcool", souligne-t-il.
Pour le Dr Orban, même si le nombre de jeunes, qui décident de ne pas boire, "remonte un peu, ça reste une minorité". Il affirme que ce groupe de jeunes, qui souhaitent "ne pas faire comme tout le monde", s'agrandit progressivement.
Un accès trop facile aux drogues
L'addictologue déplore également la facilité avec laquelle les jeunes peuvent accéder à des drogues, y compris des substances dures comme la cocaïne. "Pour 10 ou 15 euros, vous pouvez déjà obtenir des drogues puissantes", s'alarme-t-il.
Concernant l'alcool, il insiste sur les effets néfastes pour le cerveau des jeunes, encore en développement : "L'alcool est un poison pour le cerveau, il tue les neurones. Et quand on consomme de l'alcool dans un cerveau qui n'est pas terminé, les dégâts peuvent être considérables."
Thomas Orban souligne enfin que les raisons pour lesquelles les jeunes consomment autant d'alcool sont bien connues : le prix bas, la disponibilité et une réglementation insuffisante. "En Belgique, il est plus facile de trouver une bière à toute heure qu’un pain", déplore-t-il, appelant à une prise de responsabilité politique pour limiter l’accès des jeunes à l’alcool.