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Accent flamand: comment Vivaldi est devenu un gros mot (en néerlandais)

En rue, en Flandre, quand vous dites Vivaldi, ça fait longtemps que plus personne ne pense à Antonio, le compositeur italien du 18e siècle qui composa les Quatre Saisons. C’est d’ailleurs ce célèbre morceau qui fit en sorte que le gouvernement fédéral belge est appelé Vivaldi depuis 2020 : quatre-saisons, quatre partis, en tout cas côté flamand. 7 en tout avec les 3 francophones. Jamais on en a eu tant dans la même coalition en Belgique.

Beaucoup de partis. Toutefois, malgré leur présence à 4, les formations flamandes ne représentent pas la majorité de leurs concitoyens. Elles ont obtenu 49 % des voix au nord au scrutin de 2019, c’est presque le compte, mais on n’y est pas. C’est d’ailleurs une objection que j’ai entendue en n’en plus finir dans les rues d’Anvers : "Ce gouvernement fédéral n’est pas démocratique. Les deux plus grands partis de Flandre, N-VA et Vlaams Belang, ont été mis de côté. L’électeur flamand est nié. Ça ne va pas". 

Il suffit d’ailleurs de sillonner les rues de la Métropole scaldienne pour comprendre que Vivaldi est presque devenu un gros mot en Flandre. Les reproches sont encore plus cuisants que l’est le Meir sous ce soleil de mai : "Les Vivaldiens se disputent tout le temps. Ils ont creusé le déficit. Ils ont promis beaucoup et très peu réalisé". Ceci répété à l’envi. Il n’y a plus d’envie de Vivaldi.

Détail pittoresque : les seuls partisans du gouvernement fédéral que j’ai rencontrés avaient un lien avec un des partis de la coalition : un membre d’un cabinet ministériel et un candidat aux communales pour le CD&V. Conclusion : ceux qui du côté francophone croient qu’une Vivaldi 2 est possible – je pense à Ecolo et à une partie du PS - ont tout intérêt à visionner la séquence en marge de cet article. Ils se rendront compte que la seule possibilité pour éviter un (très) gros malaise en Flandre est d’inclure la N-VA dans la prochaine équipe fédérale. D’après les différentes enquêtes d’opinion, la Vivaldi 2 ne représenterait d’ailleurs plus que 40 % de nos compatriotes du nord. Encore moins qu’aujourd’hui. Et vraiment trop peu. Alors que le gouvernement devra redresser le budget fédéral mis à mal par le covid et aura plus que jamais besoin de liens avec la population.

Cette histoire fera un heureux, à tout le moins posthume : Antonio Vivaldi qui sera à nouveau associé à la musique, plus à la politique. On ne sait d’ailleurs pas quelles étaient ses préférences. Au 18e siècle, on ne votait pas ou alors très peu. Quelle que soit la prochaine coalition Rue de la Loi, ceci nous montre qu’on a quand même beaucoup de chance de vivre en 2024.

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