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La ministre Karine Lalieux était sur le plateau du RTL Info 19. Elle a répondu aux questions de Caroline Fontenoy.
L'accord intervenu à l'aube en matière de réforme de pensions présente un triple atout. Il prévoit une version très moderne du bonus pension dont le montant peut aller jusqu'à 22.000 euros nets supplémentaires. Au-delà de la revalorisation de la pension minimum, il égalise les régimes entre salariés et indépendants; et enfin, il diminue le coût du vieillissement, a déclaré, lundi, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld).
Les syndicats de la fonction publique souhaitent une rencontre avec le Premier ministre Alexander De Croo sur la réforme des pensions. S'ils n'obtiennent pas de réponse dans les 24 prochaines heures, ils se réuniront afin de préparer une réaction, indiquent-ils dans une lettre adressée au chef du gouvernement.
La ministre Karine Lalieux était sur le plateau du RTL Info 19. Elle a répondu aux questions de Caroline Fontenoy.
Caroline Fontenoy : - La réaction est très vive notamment du côté des syndicats de la fonction publique qui disent ne pas avoir été consultés. Ils lancent même un ultimatum au Premier ministre. Ils veulent une réunion avec Alexander De Croo sans quoi ils pourraient y avoir des actions. Vous comptez rediscuter de ce point avec les syndicats ?
Karine Lalieux : Je vais rencontrer les syndicats, je suis toujours en dialogue avec eux. Il faut pouvoir apaiser les inquiétudes. Je comprends leurs craintes, ils ne connaissent pas toute la méthodologie du calcul de la péréquation. On voit que dans les 15 dernières années, il n'y a eu que deux péréquations totalement exceptionnelles, notamment pour les enseignants néerlandophones qui ont dépassé 0,3 %.
Je veux rassurer aussi l'ensemble des fonctionnaires pensionnés aujourd'hui. Ils auront toujours droit à l'indexation mais en plus il y aura une péréquation qui sera surtout garantie pour les basses et les moyennes pensions. Elle sera forfaitaire pour les plus hautes pensions, mais c'est ce que j'appelle aussi la solidarité entre les basses pensions et les plus hautes pensions.
Caroline Fontenoy : - Certains experts économiques estiment que cette réforme n'est pas allée assez loin. Que le financement des pensions à long terme n'est pas garanti. Cela veut dire que même avec ces ajustements on va avoir un problème tôt ou tard ?
Karine Lalieux : Il y a différents indicateurs qui fait en sorte que le coût des pensions est payable. D'abord une bonne sécurité sociale avec des bons emplois. Le taux d'emploi continue à augmenter en Belgique. Il y a aussi des bonnes données démographiques. Et puis nous faisons un effort, nous faisons un effort avec ce gouvernement. Les pensions ne seront jamais une variable budgétaire avec des socialistes. Ici, c'est effectivement un effort d'ici 2070. On ne touche pas aux pensionnés, on ne touche pas au revenu des pensionnés et d'ailleurs, ils n'arrêteront pas d'augmenter grâce à l'augmentation de la pension minimum et aux indexations.
Caroline Fontenoy : - En moyenne, le Belge part à la pension vers 60 ans à 60 ans et demi, alors que l'âge légal est de 65 ans, qu'il passera bientôt à 67 ans. C'est l'un des écarts les plus importants en Europe, sans compter tous les métiers en pénurie. Quel est le problème en Belgique ?
Karine Lalieux : En fait, le problème, c'est que parfois les gens sont fatigués, sont épuisés et effectivement ne travaillent pas jusqu'à leurs 65 ans. Mais qu'est-ce que je fais avec la réforme ? Eh bien je leur dis écoutez, 'Quand vous avez encore le courage physique et psychologique, on va vous soutenir. Quand vous avez l'âge de la pension anticipée pour travailler un, deux ou trois ans supplémentaires, nous vous donnerons un bonus net'.
C'est-à-dire que si vous travaillez trois ans supplémentaires, vous aurez un bonus de 22.645 € dans la poche. Et ça, effectivement, c'est un incitant positif, surtout pour les personnes qui ont une espérance de vie moindre, c'est à dire pour les catégories socio-économiques moins élevées. On peut faire une réforme des pensions qui prend en charge la soutenabilité financière, mais qui est positive pour les citoyens et qui n'est pas sanctionnatrice.
Caroline Fontenoy : C'est aussi une petite révolution pour les parents. Les congés paternité, maternité ou autre absence liée à l'arrivée d'une enfant seront considérés comme du temps de travail. Est-ce que cela aura un effet rétroactif ou pas ?
Karine Lalieux : On met une période effective de travail pour atteindre la pension minimum. On ne sanctionnera pas les femmes, toutes les femmes avec tous les congés pour enfants ou pour soins lorsqu'un conjoint aidant ou autre chose. Ces congés seront considérés comme du travail effectif. C'est pour plus d'égalité entre les hommes et les femmes et c'est pour diminuer l'impact genre dans le cadre des pensions.