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Portés par le PS et Ecolo, les changements temporaires du décret paysage ont été adoptés ce vendredi matin grâce au soutien du groupe PTB.
Après une soirée et une nuit de débats au ton souvent acerbe, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a définitivement approuvé vendredi à 06h30 plusieurs adaptations au décret Paysage afin de préserver la finançabilité d'une série d'étudiants lors de la prochaine année académique.
Portés par le PS et Ecolo, ces changements temporaires ont été adoptés avec l'appui du groupe PTB lors de la dernière séance plénière de la législature. Les députés MR et Engagés ont, eux, voté contre.
Les modifications validées visent à sauvegarder la finançabilité des étudiants qui ont entamé leurs études avant la réforme du décret Paysage en 2022. Le dispositif offre aussi aux étudiants de bac1 qui ont acquis au moins 45 crédits la possibilité de se réinscrire une 3e fois pour terminer leur première de cursus.
Les étudiants qui se réorientent disposeront, eux, de deux années plutôt qu'une seule pour réussir leur première année de bachelier. Enfin, le critère de la réussite d'un programme annuel d'études (PAE) de 45 crédits minimum est également abandonné.
L'adoption de ces changements au décret Paysage tel qu'adopté en 2021 par les partenaires de la majorité arc-en-ciel intervient après des semaines de tensions politiques qui ont conduit à la fin prématurée du gouvernement PS-MR-Ecolo en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Lors du débat-marathon, le député Martin Casier (PS) a répété que les mesures proposées visaient à amortir les effets de la crise sanitaire du Covid-19 qui a durement affecté les apprentissages de nombreux étudiants, a-t-il rappelé.
Manu Disabato (Ecolo) a lui évoqué une action préventive. "Notre option politique a été de ne pas attendre que les étudiants se retrouvent dans les problèmes", s'est-il justifié.
Dans les rangs MR et Engagés, l'analyse fut tout autre. S'appuyant sur les avis critiques émis ces derniers jours par plusieurs acteurs de l'enseignement supérieur envers le projet PS-Ecolo, libéraux et centristes ont dénoncé une réforme non-concertée avec le terrain et qui viole les principes constitutionnels d'égalité et de non-discrimination, selon eux.
"On sort le bazooka et on tire à l'aveugle!", a ironisé Nicolas Tzanetatos (MR).
"Vous avez fait le 'choix de la rupture' avec l'enseignement supérieur", a commenté de son côté Benoît Dispa (Les Engagés), en référence au slogan de campagne du PTB.
Bouillonnante, la ministre de l'Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux (MR) a pour sa part dénoncé les conséquences financières de la réforme.
Selon elle, son coût global tournera entre 100 et 126 millions d'euros, bien plus donc que les cinq millions d'euros complémentaires prévus par le PS et Ecolo dans leur proposition de décret.
Le gouvernement sortant n'ayant pas provisionné ces dépenses, ce sont les établissements supérieurs qui devront en supporter dès lors le financement, a averti la ministre.
Sur cet aspect budgétaire justement, l'article 64 du règlement intérieur du Parlement de la FWB prévoit normalement qu'un décret ne peut être voté par l'assemblée que si les moyens financiers nécessaires à sa réalisation ont été prévus.
L'application dudit article requiert toutefois un avis préalable du gouvernement sur le sujet. Celui-ci étant divisé, aucun avis n'a pu être remis vendredi, permettant alors aux députés de passer sans encombre au vote final sur la proposition PS-Ecolo.
A l'issue du vote, les deux partis avaient à coeur de souligner, sur base du décompte final, que leur proposition aurait très bien pu passer vendredi matin sans les votes du PTB.