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Le gouvernement allemand a indiqué vendredi avoir dû ordonner la libération de l'agent russe du FSB Vadim Krassikov dans le cadre du vaste échange de prisonniers avec Moscou, en passant outre les objections de son propre parquet fédéral.
Le procureur général en charge du dossier a avancé des "arguments très significatifs" en faveur de l'exécution jusqu'à son terme de la peine de Vadim Krassikov, a indiqué à l'AFP une porte-parole du ministère de la Justice, Marie-Christine Fuchs.
L'homme, dont le Kremlin a reconnu vendredi qu'il était membre de ses services secrets, avait été condamné en 2021 à la réclusion à perpétuité pour le meurtre, en plein Berlin deux ans plus tôt, d'un ex-commandant séparatiste tchétchène.
Mais le ministre de la Justice Marco Buschmann a estimé que son maintien en détention aurait "généré un risque de préjudice grave" pour l'Allemagne "et ses intérêts en matière de politique étrangère et de sécurité". Il a aussi invoqué des raisons "humanitaires" en raison des risques pour la santé et la vie des détenus de Russie et Bélarus finalement échangés jeudi.
En Russie, Vadim Krassikov a été accueilli par le président Vladimir Poutine.
Le ministre a admis dans un communiqué qu'il s'agissait de "concessions amères". Mais "un principe a été déterminant pour moi : dans le doute, la liberté", a-t-il souligné.
La libération de M. Krassikov était la principale exigence du Kremlin dans le cadre du vaste échange de prisonniers effectué jeudi, le plus important de ce type depuis la fin de la Guerre froide.
Cette décision suscite toutefois la controverse en Allemagne et les critiques de la famille de la victime, d'Amnesty International et de médias. La branche allemande d'Amnesty International a ainsi jugé que les concessions faites par Berlin constituaient "un pas vers l'extension de l'impunité judiciaire" de Moscou.