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Les grands perdants de 2019 reviennent dans la course: comment les Engagés ont-ils redressé la barre dans les sondages?

Nous votons déjà dans trois semaines. Chaque jour de la semaine, RTL info se penche sur l'état de santé de chaque parti, cinq ans après les dernières élections. Ce soir, ce sont les engagés, grands perdants en 2019, et depuis dans l'opposition, la tendance semble s'inverser depuis plusieurs mois. Le changement de nom et de programme du parti a-t-il porté ses fruits ?

26 mai 2019, le sourire de Maxime Prévot est timide, la déception évidente. Malgré l'apparente euphorie dans le QG du CDH, c'est une défaite, actée et assumée quelques jours plus tard. "Le scrutin du 26 mai dernier a été un revers électoral sérieux pour le CDH", admet-il à la presse.

Ce jour-là, le CDH choisit de ne pas participer à la création des gouvernements.

Voici depuis cinq ans et ses mauvais résultats, l'évolution des intentions de vote dans le sondage RTL Info-Ipsos-Le soir.

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À Bruxelles, c'est stable. Un inquiétant léger va-et-vient entre 3 et 6 % et un léger mieux sur la dernière vague.

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En Wallonie, en revanche, depuis un an environ, la tendance est très nette et le parti qui obtenait 11 % des voix en 2019 est désormais crédité de 17 % des intentions de vote.

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Comment le les Engagés ont-ils fait ?

Mais que s'est-il donc passé pour que le CDH à la traîne ne devienne des Engagés plus convaincants ? La parole est aux citoyens, aux passants. "Ils ont réussi à suivre l'air du temps avec cette écriture inclusive, que je trouve une bonne chose. Pour moi, il y a l'ordre du rebranding purement stratégique. Il faudra voir si le niveau des valeurs se sera porté", estime un étudiant sur le campus de l'ULB.

Mais pas de quoi s'emballer quand même. Tout le monde n'a pas été frappé par la grâce de la transformation. "Vous voyez ce que c'est, les Engagés ?", demandons-nous à un autre étudiant, qui nous répond : "Ça ne me dit rien". "Le CDH ?" - "Pas du tout non plus". "Et le PSC, vous voyez ce que c'est?" - "Non plus", nous répond-il.

"Nous sommes les Engagés", raisonne dans la salle de congrès le 13 mars 2022. Il y a 2 ans déjà, Maxime Prévost dévoilait le nouveau nom, la nouvelle couleur, le nouveau logo au terme d'un long et minutieux travail en interne pour réécrire un nouveau programme.

Parvenir encore à convaincre qu'il y avait quelque chose de nouveau était de plus en plus difficile

Mais qu'est-ce qui explique cette tendance à nouveau positive ? La question est posée à ceux pour qui la politique est une science et la réponse est en deux temps. D'abord, la nécessité de changer. "La place même d'un parti centriste, issu du monde chrétien, était devenue quelque part usée, avait un côté assez suranné", estime Pierre Vercauteren, professeur en sciences politiques à l'UCLouvain. "Parvenir encore à convaincre qu'il y avait quelque chose de nouveau était de plus en plus difficile. Et c'est là qu'au fond, Maxime Prévost a su saisir l'opportunité de se dire nous sommes dans le fond, si on ne renouvelle pas radicalement à la fois le programme et les cadres, on risque de rester encore dans le fond, voire même de disparaître", analyse-t-il.

Il y a plusieurs mois déjà, loin de la tension de la campagne électorale, le parti commence à présenter des nouvelles têtes, connues ou moins connues, issues de la société civile ou transfuge d'autres partis politiques qui veulent intégrer le projet.

Les Engagés se clarifient

Mais la difficulté des Engagés et plus globalement celle des partis du centre, c'est d'avoir une identité claire. Et justement, ça semble se clarifier, notamment grâce aux autres, qui vont un peu plus à droite ou un peu plus à gauche. "Ce qu'on a pu observer dans les dernières semaines et dans les derniers mois, c'est une forme d'exacerbation avec un positionnement à droite très marqué du MR, à gauche plus marqué du PS, et donc comme force centriste, peut-être que les Engagés parviennent à attirer un électorat de centre gauche qui traditionnellement vote pour le PS ou les Ecolos, ou un électorat de centre droit qui traditionnellement vote pour le MR", nous explique Pascal Delwit, politologue à l'Université Libre de Bruxelles.

"Et 2024 sera l'année de la reconquête de résultats électoraux meilleurs", promettait Maxime Prévot le 13 mai 2022. Le plus dur, ce sera de tenir sur la longueur et de transformer l'essai. Une intention n'est pas un vote.

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