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"Le syndrome du Pac-Man" pour Les Engagés, "Le plafond de verre" du PTB,...: nos experts analysent les résultats du Grand Baromètre

Si de nouvelles élections étaient organisées aujourd'hui, pour qui voteriez-vous? C'est une des questions posées aux personnes sondées dans le "Grand Baromètre RTL info/Ipsos/Le Soir/VTM et HLN".

Dans l'émission la "La Loupe", Martin Buxant, référent politique et économie de RTL info, et Bernard Demonty, chef du pôle Pouvoirs au quotidien Le Soir, analysent les résultats du "Grand Baromètre RTL info/Ipsos/Le Soir/VTM et HLN."

En Wallonie

Si le citoyen wallon devait de nouveau voter aujourd'hui, pour qui voterait-il?

Si le MR de Georges-Louis Bouchez reste en tête des intentions de vote avec 26,6% (-1,6%), ce sont Les Engagés de Maxime Prévot qui sortent du lot avec une nouvelle progression de 2,6% pour atteindre 22,6%. Ils passent donc au-dessus du PS qui stagnent à 21,7% (-0,3%) et deviennent la deuxième force politique de Wallonie. Le PTB atteind les 13,1% (+3,1%) et Ecolo 81,% (+1,2%).

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Les Engagés, c'est le syndrome du Pac-Man

Juste avant la refondation du parti, Les Engagés étaient à seulement 5% dans notre Grand Baromètre. "On voit à quel point Les Engagés explosent", indique Bernard Demonty, chef du pôle Pouvoirs au quotidien Le Soir. "La cerise sur le gâteau, c'est qu'ils dépassent le PS en Wallonie. C'est tout à fait unique et ça va être un grand moment. Mais attention, nous sommes encore dans la marge d'erreur donc ce n'est pas encore le raz-de-marée. Mais c'est un fameux signal d'alerte pour les socialistes."

On remarque également que Les Engagés sont en train de grignoter des voix au MR. "On dit pourtant souvent que Maxime Prévot se fait manger par Georges-Louis Bouchez, il y a même une inquiétude dans le parti à ce niveau", souligne Bernard Demonty. "Mais notre Grand Baromètre montre le contraire même si ça reste marginal."

Pour Martin Buxant, référent politique et économie de RTL info, ce "grignotage" des voix du MR par Les Engagés c'est "le syndrome du Pac-Man".

"Ils avaient pourtant peur d'un retour de vagues après les élections du 9 juin", poursuit-il. "Ils avaient peur de perdre des voix à gauche mais on voit que ce n'est pas du tout le cas. Leur marque s'est bien installée."

Le MR, "l'Everest de la politique wallonne"

Le recul du MR est assez léger avec 22,6% des intentions de vote (-1,6%). "Il reste sur l'Everest de la politique wallonne, c'est historiquement haut", lance Martin Buxant. "Ils sont dominants. Attention quand même à la surchauffe politique pour Georges-Louis Bouchez."

Bernard Demonty va dans le même sens. "On a maintenant un parti de droite qui a avalé toutes les droites", indique-t-il. "Et surtout l'extrême droite. Bouchez a réussi son pari."

Le MR et Les Engagés "ne se cannibalisent pas trop" souligne Martin Buxant. "À eux deux, ils ont un grand râteau qui va de la droite radicale jusqu'au centre-gauche. Ça marche plutôt bien l'alliance entre Bouchez et Prévot."

Paul Magnette aura du souci à se faire

Avec 21,7% en Wallonie, le PS reste plus ou moins au même niveau que lors des élections du mois de juin (-0,3%). "C'est n'est pas mal pour un parti socialiste européen quand on voit les catastrophes qu'il y a en France ou dans d'autres pays d'Europe", dit Bernard Demonty. "Mais ce qui est symbolique, c'est la perte du leadership que les socialistes avaient historiquement et qui est confirmé comme il y a deux partis devant eux en Wallonie. C'est en demi-teinte, le parti est affaibli."

Paul Magnette pourrait-il être menacé à la tête du PS? "Il va jouer très gros aux élections communales du 13 octobre prochain", dit Martin Buxant, référent politique et économie de RTL info. "S'il y a un ressac du parti socialiste dans les grandes villes, les barons du PS vont lui demander des comptes. Il sauvera sa tête si le parti se comporte bien. Il devra alors reconstuire le parti."

"S'ils perdent une grande ville comme Liège ou Mons, Paul Magnette aura du souci à se faire", ajoute Bernard Demonty, chef du pôle Pouvoirs au quotidien Le Soir.

"Une sorte de plafond de verre" pour le PTB

Le PTB augmente en Wallonie avec 13,1% (+ 3,1%). Des résultats à relativiser selon Martin Buxant. "Je pense que sur l'extrême gauche, on est arrivé à une sorte de plafond de verre", dit-il. "L'effet Raoul Hedebouw marche mais concrètement ça ne suffit plus à passer outre la petite pusique qui dit que le PTB ne prendra jamais ses responsabilités, ne monterons pas dans la majorité. Et ça fait réfléchir les gens. Les élections communales sont donc importantes pour le PTB qui doit montrer qui peut être utile. Il joue très gros."

Il n'y a plus rien qui se passe

Ecolo est à un niveau historiquement bas avec 8,1% (+1,2%). Par le passé, ils étaient parfois à 20%. "Ce sont 'Les Engagés inversés'", dit Bernard Demonty. "Ils étaient très hauts et ils arrivent très bas. Et maintenant, c'est un peu un électroencéphalogramme plat. Il n'y a plus rien qui se passe."

Il n'y a donc pas encore d'effet "Marie Lecocq et Samuel Cogolati", le nouveau duo à la tête d'Ecolo? "Non car ils sont à contre-courant", dit Martin Buxant. "Leur seule chance d'expansion, c'est d'aller vers le centre. Ça marchait avec Jean-Michel Javaux. Mais le nouveau duo a fait de l'écologie populaire son mantra donc il reste à gauche de l'échiquier politique qui est déjà ultra quadrillée par le PS et le PTB. En tenant cette ligne-là, je suis pessimiste pour les écologiques francophones."

À Bruxelles

Dans notre Grand Baromètre, le MR reste en tête avec 22,6% (+1,1%), juste devant le PS à 20,4% (+2,1%). Le PTB est à 15,4% (-1,9%). Derrière, Ecolo est à 9,8% (+1,6%) et 8,4% (-0,5%). Défi compte 6,2% (-0,5%) des intentions de vote.

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Ce qui marque les esprits, c'est la différence entre le résultats des Engagés à Bruxelles et en Wallonie. Pourquoi ce gouffre d'écart? "On n'a pas des Maxime Prévot à Bruxelles", explique Bernard Demonty. "C'est quand même un peu le parti d'un homme ou de quelques hommes. Et surtout, Maxime Prévot à un profil wallon, il incarne parfaitement la Wallonie mais ne colle pas à la sociologie bruxelloise. Ils ne parviennent pas à résoudre ce problème."

Les tuiles s'accumulent pour le Parti des Travailleurs de Belgique

Les négociations qui patinent à Bruxelles n'impactent pas le score du MR. "Il se comporte plutôt bien", souligne Martin Buxant. 

L'affaire Julie Taton ne semble pas impacter le MR. "Ça n'a pas affecté le parti", confirme Bernard Demonty. 

Le PS de Ahmed Laaouej est en mesure d'imposer une certaine force. "Les sondages ne le frappent pas de plein fouet", dit Bernard Demonty. "La position reste enviable et leur permet de faire le bras de fer avec le MR sur les négociations bruxelloises."

Le PTB baisse à Bruxelles selon notre Grand Baromètre. "Les tuiles s'accumulent pour le Parti des Travailleurs de Belgique", indique Bernard Demonty. "Il y a peut-être un problème de stratégie. 15%, ce n'est pas mal pour un parti d'extrême gauche mais on sent que quelque chose dans le moteur n'est plus aussi dynamique."

Un problème de statégie pour le PTB?

Quel est ce problème de stratégie? "Peut-être de viser les classes moyennes en plus des classes les plus en difficultés", poursuite le chef du pôle Pouvoirs au quotidien Le Soir. "On a vu sur le débat de l'impot sur la fortune que le PTB veut servir les classes sociales les plus pauvres mais aussi la classe moyenne. Je me demande si la clientèle historique du PTB ne se dit pas qu'il défend maintenant les riches."

Autre problème pour le PTB, la montée de la Team Fouad Ahidar, un parti sorti de nulle part durant les élections régionales. C'est une petite liste qui vise les communautés étrangères. "Mais c'est en partie l'électorat du PTB", dit Bernard Demonty. "Il y a quelque chose qui est en train de se passer. Ce parti est à 2% dans notre radar."

Bart De Wever, "l'Empereur de la Flandre"

En Flandre, la N-VA est toujours bien en tête avec 26,7% (+1,1%). "Il y a un effet Bart De Wever", souligne Martin Buxant. "C'est l'Empereur de la Flandres. Les Flamands le soutiennent et il apparaît maintenant comme une personalité de compromis. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques années."

Avec le Vlaams Belang deuxième du Grand Baromètre avec , Bart De Wever apparaît "par la force des choses" comme une personnalité "de consensus, de compromis".

À noter qu'avec 14,8% (+1,8%) des intentions de vote, les socialistes flamands du Vooruit sont 3ème sur l'échiquier politique flamand. 

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