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Le "racisme ordinaire" de Pierre-Yves Jeholet face à Nabil Boukili: "Je suis déçu mais ça ne leur ressemble pas"

Christophe Deborsu revient sur la déclaration polémique du week-end dans l’émission Rendez-vous. Au cours d'un débat sur le voile dans les administrations, le MR Pierre-Yves Jeholet a dit au candidat PTB, Nabil Boukili: "Vous n'allez pas nous donner de leçons ici en Belgique. Si ça ne vous plaît pas, vous n'êtes pas obligés de rester".

Une phrase lancée en plein débat : "Si ça ne vous plait pas, vous n'êtes pas obligé de rester en Belgique". C’est le MR Pierre-Yves Jeholet qui l’a prononcée face au député PTB Nabil Boukili dans un échange sur le principe de neutralité de l’Etat et le port du voile. Ces propos continuent de susciter l’indignation d’une partie des représentants politiques et de nombreux citoyens. Christophe Deborsu qui a animé l’émission revient sur ce moment. 

Tout va très vite dans un débat, vous en avez l'habitude, mais au moment même vous vous rendez compte qu'il y a quelque chose qui cloche?

Oui, c'est vrai, ça fait 40 minutes de débat, je me rends compte effectivement, d'ailleurs je dis : oula, parce que c'est vrai que c'est étonnant de dire à quelqu'un: "si ça ne vous plaît pas, vous n'êtes pas obligé de rester en Belgique". Je pose d’ailleurs une question rapidement, une question pour comprendre à Pierre-Yves Jeholet : que voulez-vous vraiment dire ? Et lui il dit effectivement je suis là sur le point de vue des valeurs et rien d'autre. Et pour tout vous dire, cette question était entre parenthèses, donc en fait normalement je ne devais même pas la poser, je voulais la poser uniquement si on avait le temps de la poser. C'est assez étonnant de voir que finalement ça tient à peu de choses. Un débat télévisé et des réactions étonnantes, c'est que ça tient à une question de réserve. Et c'est vrai qu'au moment même, moi je suis un peu étonné, parce que je connais Pierre-Yves Jeholet depuis 20 ans, au moins, ce n'est pas son genre, je lui dis d'ailleurs dans le débat, ce n'est pas votre genre de dire ça, et préciser, voilà. Je connais d'ailleurs aussi M. Boukili. Et puis je me dis à ce moment-là : allez, on ne va quand même pas avoir une campagne comme en Flandre, pas ici, ce n'est pas possible. On a une campagne sur le contenu, en Fédération Wallonie-Bruxelles pour l'instant, fiscalité, chômage, sécurité. Bref, c'est une campagne qui, moi je n'ai jamais vécu ça, je suis journaliste depuis 36 ans, c'est vraiment une campagne extrêmement riche. Je me dis : on ne va pas tomber dans les travers de la Flandre, je suis beaucoup la Flandre, on parle de la Flandre à nouveau, où les transgenres n'ont pas le droit d'être transgenres justement. Donc je suis un peu déçu, mais je crois qu'effectivement ça ne ressemble pas aux deux protagonistes. 


Et les protagonistes, ils se rendent compte eux-mêmes qu'il y a un malaise ou pas? Comment ça se passe pendant et après le débat?

C'est vrai, ils s'en rendent compte au moment même. D'ailleurs, M. Boukili dit à M. Jeholet, mais vous voulez que j'aille où ? Et M. Jeholet dit, ben non, moi je ne veux pas que vous partiez nécessairement, je veux simplement que vous respectiez les valeurs. Et ça n'a rien à voir avec le fait, en tout cas il le laisse entendre, que vous êtes né au Maroc. Et puis après le débat, ça se passe extrêmement vite. Ils font campagne, donc ils partent assez rapidement. Mais ils se serrent la main de façon assez, je dirais, assez chaleureuse. On ne parle même plus de ça, donc on ne se rend pas vraiment compte de ce qui s'est passé sans doute. On va très vite se rendre compte quand même. Je vois à un moment donné Paul Magnette qui est dans le studio, et là je me dis : oula, effectivement, il va se passer quelque chose. Et c'est vrai que très très vite les réactions tombent. Voilà, bon, c'est toujours les mystères de la campagne électorale. Tout est plus mis en avant. Mais, c'est évidemment des propos, vous l'avez entendu, qui pour Unia sont racistes, on en prend acte.


 

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