Partager:
Cinq ans sont passés depuis les dernières élections fédérales, régionales et européennes. En 5 ans, la popularité de certains partis s’est renforcée ou affaiblie. C’est le cas des Écolos. Grands vainqueurs en 2019 et au pouvoir dans tous les gouvernements, les mauvais sondages s’enchaînent désormais depuis plusieurs mois. Qu’est-ce qui explique cette tendance à la baisse ?
Il y a 5 ans, les Verts savouraient l’instant, les résultats sont bons : ils font partie des grands gagnants du scrutin. Ce soir-là, ils ne le savent pas encore, mais ils vont pouvoir gouverner au fédéral, à la région et à la fédération Wallonie-Bruxelles. Après des années dans l’opposition, c’est le retour aux affaires.
Voici, depuis lors, l’évolution des différents sondages RTLinfo-Ipsos-Le Soir.
En Wallonie, ils se sont maintenus jusqu’en 2022. Depuis, la tendance est à la baisse et c’est désormais une 5ème place à 12% d’intentions de vote. À Bruxelles, c’est pire : une insoutenable montagne russe entamée il y a deux ans. Et finalement, une chute de 21 à 14%.
Alors pourquoi ? Pourquoi ceux qui ont voté pour eux il y a 5 ans se détournent ? L’électeur est roi, voici son avis. "Ils sont moins habitués à faire des compris, parfois. Puis, il y a eu de grands efforts d'autres partis qui allaient à l'encontre des intérêts des Verts", note un cycliste. "Le covid a sûrement fait baisser pas mal de choses, les gens ont connu un manque et ils se sont peut-être rué sur les habitudes d'avant, qui n'étaient pas forcément très écologiques", note une autre citoyenne.
C’est clair, il y a 5 ans, dans le monde d’avant, Ecolo a pu profiter d’un élan, celui d’une prise de conscience et des marches pour le climat. Seulement aujourd’hui, le contexte a changé et ces jeunes sont déçus. Adelaïde Charlier était leur porte-voix. "Il y a une déception d'une jeunesse qui attendait un changement colossal. Il ne faut pas sous-estimer ce qu'ont fait les jeunes, en manifestant, en faisant grève", note-t-elle.
Ecolo a déçu d’autant plus qu’il porte dans son nom une promesse. Mais c’est toute la classe politique et le système démocratique qui est visé. Pour aller plus loin dans l’analyse du phénomène, nous sommes allés à la rencontre d'hommes de sciences politiques qui tentent de nous éclairer sur le pourquoi du comment. L’une des raisons de cette tendance à la baisse, ce serait la dilution du message.
"On ne voit plus de manière claire pourquoi il faut voter Ecolo. C'est probablement le parti le plus attentif aux droits de la femme, aux questions environnementales, à certaines questions de société comme l'égalité femmes-hommes dans le travail, mais la nouveauté, c'est que ça n'est plus le parti le plus saillant sur une question qui travaille l'électorat, ce qui était le cas en 2019", note Pascal Delwit, politologue à l'ULB.
Un message dilué et des couleuvres à avaler : la prolongation du nucléaire, les revers du plan de circulation Good Move à Bruxelles et les priorités qui ont changé. "Le paradoxe est que les questions environnementales restent importantes, mais ne sont plus le facteur essentiel", note Pierre Vercauteren, politologue à l'UCLouvain.
Enfin, rappelons que ce n’est pas parce que les intentions de vote sont mauvaises que le vote le sera forcément... mais il reste peu de temps.