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Il y a un an, le Tunisien Abdesalem Lassoued a ouvert le feu sur un taxi et ses occupants, tuant deux supporters suédois venus soutenir l'équipe nationale de football. Un troisième passager, également un Suédois, avait été grièvement blessé. Cette attaque a fait une quatrième victime dont on parle le moins malgré le traumatisme: le chauffeur de taxi. Il témoigne.
Il est la quatrième victime de l'attentat du 16 octobre 2023, le chauffeur du taxi pris pour cible. Un an après, la commémoration l'oblige à se replonger dans son cauchemar.
"C'était un choc pour moi, ça fait un an que je n'ai pas été à cette place-là", dit-il. "C'est comme si c'était hier. Je vois les images dans ma tête, je vois le sang qui coule dans ma voiture."
Des séquelles psychologiques
Le 16 octobre 2023, le chauffeur voit deux de ses passagers suédois mourir sous les tirs du terroriste. Le troisième est grièvement blessé. Lui échappe miraculeusement à une balle, stoppée par son siège. Mais les séquelles psychologiques sont bien réelles.
"Je n'arrive pas à reprendre le travail, je n'arrive pas à prendre le volant d'un taxi parce que toutes les images, ça revient après", soupire-t-il. "J'espère que ça ira mieux, mais c'est un long chemin et c'est très difficile."
Pas d'indemnisation
Incapacité de travail, stress post-traumatique. Le papa de trois enfants lutte pour se reconstruire. Une situation alourdie par les problèmes financiers. Si les victimes suédoises ou leurs proches ont été indemnisées, le chauffeur et sa femme n'ont pas reçu d'aide.
"On a eu et on a l'impression d'être abandonnés par l'État", dit-elle. "Parce que sur les quatre victimes, on est les seuls à ne pas avoir été indemnisés. Donc oui, il y a ce sentiment de discrimination, il y a ce sentiment d'abandon. Parfois, mon mari dit: 'Il aurait peut-être fallu que je meure pour que vous puissiez vivre dignement.'"
Depuis mars 2024, une loi encadre l'indemnisation des victimes d'attentats, mais elle n'est malheureusement pas rétroactive. L'association Life for Brussels, qui réclamait cette loi depuis 2017, demande donc à l'État de faire un geste. "Ils ont tardé malheureusement à amender cette loi", dit Gaëtan Meuleman, le porte-parole. "Cette loi est arrivée trop tard pour eux. C'est à l'État belge à faire une réparation."
La famille espère recevoir une aide de solidarité de la part de l'État. Leur dossier est entre les mains de la Commission pour l'aide financière aux victimes.