Partager:
L'Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace (OCAM) a reçu l'an dernier 332 signalements de menace, contre 236 en 2022, ce qui représente une augmentation de 41%. Et 7,8% de ces signalements concernaient des menaces sérieuses.
L'islamisme radical est resté la principale menace, selon le rapport annuel de l'Ocam, l'organisme qui évalue la menace terroriste et extrémiste tant en Belgique qu'envers les intérêts belges à l'étranger, et qui en coordonne l'approche.
La plupart des signalements concernant la menace islamiste ont été enregistrés durant les mois d'octobre et de novembre, soit après l'attentat de Bruxelles qui a coûté la vie à deux supporters suédois le 16 octobre dernier. Cet événement avait entraîné un relèvement du niveau de la menace de 2 (moyen) à 3 (grave). Cette période correspond aussi à l'escalade du conflit israélo-palestinien consécutive à l'attaque du Hamas le 7 octobre, souligne l'OCAM.
Cela ne changera pas avant la fin de l'été
Huit mois plus tard, le niveau général de la menace n'a toujours pas baissé. "Et cela ne changera pas avant la fin de l'été", souligne Gert Vercauteren, directeur a.i. de l'OCAM. "Nous analysons différents facteurs pour cela", poursuit l'intéressé. Et d'évoquer le nombre de signalements, leur gravité et le nombre dossiers de terrorisme auprès des tribunaux, de la police et des services de renseignement ainsi que la survenance d'événements déclencheurs, comme l'a montré l'attaque du 7 octobre.
Fin 2023, une série d'arrestations ont également eu lieu dans le milieu extrémiste de droite dans plusieurs pays d'Europe, dont la Belgique. La menace extrémiste de droite émane essentiellement d'acteurs isolés mais, depuis quelques années, l'OCAM constate également que de petites cellules ont tenté, ici et là, de devenir opérationnelles au niveau international.
Un cocktail de motifs difficile à définir
Près de la moitié des signalements de menace parvenus à l'OCAM l'année dernière ne pouvaient toutefois être associés à aucune idéologie clairement délimitée. Toutes sortes de théories du complot, de sentiments anti-establishment, mais aussi de problèmes personnels ou psychiques forment souvent un cocktail de motifs difficile à définir, analyse le rapport.
Depuis la pandémie de Covid-19, les services de sécurité constatent cependant une forte augmentation de narratifs complotistes et de la désinformation, en particulier sur les réseaux sociaux.
La radicalisation a surtout lieu sur internet
Le profil des auteurs potentiels correspond toutefois dans la majorité des cas encore à celui d'un acteur isolé, bien que les services aient également constaté une résurgence de petites cellules et de réseaux restreints. La radicalisation a surtout lieu sur internet, et souvent très rapidement. Ainsi l'auteur de l'attentat du 16 octobre semble avoir été motivé par les autodafés du Coran en Suède et au Danemark survenus plus tôt dans l'année. Les personnes tentées par l'islamisme radical sont aussi souvent très jeunes, note encore l'organisme.
Enfin, le rapport de l'OCAM attire aussi l'attention sur l'importance de la menace posée par certains acteurs étatiques étrangers, comme la Russie, qui tentent par exemple "d'accentuer la polarisation dans notre pays, d'influencer nos élections ou de saper nos valeurs démocratiques par le biais d'opérations d'informations ciblées" dans le cadre de sa "guerre hybride", note Gert Vercauteren.