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Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit jeudi alarmé par la décision d'un tribunal de Bahreïn de déchoir de leur nationalité 138 personnes condamnées pour "terrorisme" à des peines allant de 3 ans à la prison à vie.
Les condamnés --des citoyens bahreïnis de confession musulmane chiite selon une source judiciaire-- faisaient partie d'un groupe de 169 personnes poursuivies pour "formation d'un groupe terroriste" et pour des liens avec les Gardiens de la Révolution en Iran.
Le verdict a été prononcé mardi. Il s'agit du plus grand nombre de personnes à être condamnées et déchues de leur nationalité en un seul procès depuis le début des poursuites judiciaires contre des dissidents chiites, après le mouvement de contestation de 2011, selon le groupe d'opposants Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD).
"Les condamnations de mardi soulèvent de graves inquiétudes au sujet de l'application de la loi, en particulier pendant ce procès de masse qui n'a apparemment pas bénéficié des garanties de procédure nécessaires à l'organisation d'un procès équitable", a déclaré la Haut-Commissaire, Michelle Bachelet.
Selon des informations reçues par l'ONU, 17 des condamnés seraient des mineurs, âgés de 15 à 17 ans.
Le communiqué de l'ONU rappelle que la déchéance de nationalité "ne doit pas être arbitraire" et ne doit pas être motivée par des "motifs discriminatoires tels que la race, la couleur, le sexe, le langage, la religion, l'opinion politique ou autre, la nationalité ou l'origine sociale".
Mme Bachelet a également exprimé ses inquiétudes à propos de témoignages de tortures ou de mauvais traitement contre certains des condamnés.
Selon le groupe d'opposants Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD), le nombre total de Bahreïnis privés de leur citoyenneté a atteint 990 depuis 2012, dont 180 pour la seule année 2019 (en comptant les condamnés de mardi).
Bahreïn, adossé à son allié, l'Arabie saoudite, est le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression de la contestation de 2011.
Le pays est dirigé par une dynastie sunnite et sa population est majoritairement chiite. Les autorités nient toute discrimination et affirment être confrontées à des groupes violents liés à l'Iran voisin qui nie pour sa part les accusations de Manama.