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Les ministres de la Justice et de l’Intérieur ont été auditionnés à la Chambre ce matin au sujet de la mort de Jozef Chovanek, ce père de famille Slovaque mort en 2018 à l'aéroport de Charleroi. Tous deux expliquent qu’ils n’étaient au courant de rien et qu’ils doivent être prudents dans leur propos vu l’enquête judiciaire en cours. Mais le ministre de l’Intérieur pointe son prédécesseur au moment des faits : Jan Jambon (NV-A). "Hier à 18h41, Le ministre des affaires étrangères m’a signalé et je cite que le 2 juillet 2018, le directeur B1.1 a reçu l’ambassadeur slovaque à Bruxelles. L’ambassadeur est revenu sur le décès de Jozef Chovanek et a déclaré qu’entre temps il a eu un contact avec le ministre Jan Jambon sur ce décès", a déclaré Pieter De Crem, ministre de l’intérieur (CD&V).
La police fédérale était bien au courant du décès du ressortissant slovaque mais pas des images vidéo de l'intervention des policiers qui l'ont maîtrisé. "Dans le rapport de presse de la police fédérale, l’incident était également mentionné. Ma conviction, c’est que les rapports de presse sont lus par toutes les parties intéressées. Je ne sais pas ce qui a été fait en interne avec cette information au sommet de la police fédérale", a indiqué le ministre De Crem.
De son côté, le ministre-président flamand Jan Jambon, ministre de l'Intérieur lors du décès d'un passager slovaque, a plaidé la bonne foi. "Pour autant que nous en sachions aujourd'hui, ni le ministre de l'époque ni son cabinet n'ont commis d'erreur et le dossier a été traité correctement", affirme le porte-parole de M. Jambon dans un communiqué. Jan Jambon (N-VA) "maintient qu'il ne se souvient de rien du drame qui a attiré l'attention la semaine dernière via des images de caméras de surveillance."
Une instruction toujours en cours
Les images avaient été saisies par la justice dans le cadre de l'instruction judiciaire. L'instruction est toujours en cours, a indiqué le ministre de la Justice, Koen Geens. Les services d'enquête du Comité P, à la demande du juge d'instruction, ont entendu une soixantaine de personnes.
La partie civile a eu accès au dossier d'instruction à sept reprises et, à deux fois, a sollicité des devoirs d'enquête complémentaires. Elle a également produit une contre-expertise qui a mené, le 23 août, à la désignation d'un expert psychiatre. Mercredi, la juge d'instruction a décidé de procéder à une reconstitution.
"Il faudra certainement que la haute hiérarchie de la police viennent s’expliquer"
Certains députés ont déjà demandé l’audition de hauts responsables de la police fédérale : "Nous demanderons très certainement l’audition du commissaire général, du numéro 1 de la police fédérale. On sait que le numéro 2 de la police fédérale a décidé de faire un pas de côté, considérant qu’il n’avait pas été informé, ce qui en soit, est une anomalie, comment n’a-t-il pas été informé de faits aussi graves dans son administration ? Ça appelle des réponses et il faudra certainement que la haute hiérarchie de la police viennent s’expliquer", a déclaré Ahmed Laoouej, chef de groupe PS à la Chambre, au micro RTL INFO. "Les ministres vont interroger leurs administrations, mais il semble que les protagonistes doivent être en séance le plus rapidement possible. J’espère que la commission accédera à cette demande dans les plus brefs délais pour qu’on ait un déroulé de ce qui s’est exactement passé", a réagi Vanessa Matz, députée fédérale cdH.
Rappel des faits
Le Slovaque Jozef Chovanec est mort à l'hôpital en 2018, quelques jours après une intervention à l'aéroport de Charleroi. Cinq policiers avaient essayé de le retenir dans sa cellule et une policière a fait un salut hitlérien, comme on peut le voir sur les images diffusées la semaine dernière par Het Laatste Nieuws, La Dernière Heure et De Morgen. Deux officiers de police de haut rang ont déjà décidé de faire un pas de côté à la suite de cet incident.