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2021, le tourisme dans l'espace

Décollages en pagaille, explosions fracassantes, premier vol d'hélicoptère sur une autre planète... L'année 2021 dans l'espace a été de haute voltige pour les Etats-Unis, mais aura surtout marqué un tournant pour un secteur: celui du tourisme spatial.

Eclipsant presque l'atterrissage d'un nouveau rover de la Nasa sur Mars ou le lancement du télescope spatial le plus puissant jamais conçu, la "course des milliardaires dans l'espace", comme elle a vite été surnommée, aura captivé le monde entier. Tout en attirant les critiques, face à une activité souvent jugée frivole -- et nocive pour l'environnement.

En juillet, Virgin Galactic a été la première entreprise à faire brièvement toucher l'ultime frontière à son fondateur, le Britannique Richard Branson.

Quelques jours plus tard, Jeff Bezos s'envolait à bord d'une fusée de sa propre société, Blue Origin. Cette dernière a ensuite organisé deux autres missions -- dont l'une ayant à son bord l'acteur William Shatner, emblématique capitaine de la série Star Trek.

Bien plus loin de la Terre, SpaceX a de son côté envoyé dans le cosmos quatre novices durant trois jours -- la première mission orbitale de l'Histoire n'ayant comporté aucun astronaute professionnel à bord.

"On a attendu tellement longtemps des vols privés sub-orbitaux ou orbitaux", rappelle Laura Forczyk, analyste du secteur spatial. "Cela arrive enfin."

La Russie a elle aussi participé aux réjouissances, en envoyant dans la Station spatiale internationale (ISS) une équipe de cinéma et un milliardaire japonais -- mais avec ses traditionnelles fusées Soyouz.

- Viser la Lune -

Au-delà du tourisme, SpaceX s'est définitivement imposée comme partenaire de choix de la Nasa: la société d'Elon Musk a ramené deux équipages d'astronautes de l'ISS, dont le Français Thomas Pesquet.

Elle a en parallèle développé une autre fusée: Starship. Plusieurs essais s'étant terminés dans d'énormes boules de feu ont fait la Une, avant un atterrissage enfin réussi en mai.

L'engin, dont les tests doivent continuer en 2022, a été sélectionné par la Nasa pour devenir le moyen de transport utilisé pour ramener des Américains sur la surface lunaire... au plus tôt en 2025, a annoncé l'agence spatiale en novembre, forcée de repousser l'échéance d'un an.

Malgré tout, le programme Artémis de retour sur la Lune, relancé par l'administration de Donald Trump, a été maintenu par le président Joe Biden après sa prise de fonctions en janvier, s'est félicitée Laura Forczyk. "Si vous n'avez pas cette continuité, vous n'allez jamais nulle part", a relevé la spécialiste.

- Accomplissements scientifiques -

Du côté des avancées scientifiques, le télescope James Webb, attendu depuis 30 ans par les astronomes du monde entier, a décollé le jour de Noël depuis la Guyane française.

D'une valeur d'environ 10 milliards de dollars, il doit repousser les limites de nos connaissances sur le cosmos, en permettant entre autres d'observer les premières galaxies formées après le Big Bang et d'analyser l'atmosphère d'exoplanètes, en quête d'environnements habitables.

Autre mission phare, le rover Perseverance a survécu aux "sept minutes de terreur" de son atterrissage sur Mars, en février. Il a depuis prélevé plusieurs échantillons de roche, qui permettront peut-être de détecter des traces d'anciennes vies extraterrestres (sous forme microbienne).

Son partenaire de voyage, l'hélicoptère Ingenuity, a lui réalisé le premier vol d'un engin motorisé sur un autre monde. Et en a depuis effectué pas moins de 18 -- bien plus qu'espéré initialement.

L'exploration spatiale n'est toutefois pas restée l'apanage des Etats-Unis, la Chine devenant notamment en mai le deuxième pays à faire évoluer sur Mars un petit robot. En février, les Emirats arabes unis ont eux placé une sonde autour de Mars, devenant le premier pays arabe à réaliser cet exploit.

Selon l'astronome Jonathan McDowell, l'année a ainsi été marquée par une "internationalisation de l'espace lointain".

L'orbite basse l'était elle déjà "depuis longtemps", mais là aussi, la compétition entre les pays s'est accrue. La Chine a poursuivi la construction de sa propre station, appelée Tiangong ("Palais céleste"). Tandis que la Nasa a annoncé mettre la main à la poche pour aider au développement de futures stations privées, qui devront à terme remplacer l'ISS.

La coopération avec la Russie sur cette dernière devrait ainsi prendre fin d'ici 2030. Et les tensions avec Moscou n'ont pas manqué en 2021: en novembre, Washington a accusé la Russie d'avoir provoqué la propagation de milliers de dangereux débris en faisant exploser un satellite, d'un tir de missile.

- Et pour 2022? -

L'année prochaine devrait être marquée par les images du télescope James Webb, une fois son périlleux déploiement achevé. Les premières à être révélées seront une surprise, jalousement tenue secrète.

2022 doit également signer le début du programme américain de retour sur la Lune, avec la mission Artémis 1. Elle doit décoller en février mais sans astronaute à bord, et sans se poser.

Avant cela, à l'automne, un vaisseau projeté par la Nasa contre un astéroïde devra en modifier la trajectoire. Une répétition générale afin de pouvoir sauver l'humanité si un jour un astéroïde venait à menacer notre planète.

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