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De l'affliction à la consécration: comme dans un conte, d'Andersen de préférence, la championne du Danemark Cecilie Uttrup Ludwig s'est imposée dans la troisième étape du Tour de France Femmes à Épernay lundi, au lendemain d'une journée cauchemardesque pour son équipe FDJ-Suez.
Sa joie était à la hauteur des péripéties traversées vingt-quatre heures auparavant: l'abandon de sa co-leader Marta Cavalli, et la minute et demie perdue par la Danoise, elle-même retardée dans une chute. "Ça a une telle saveur de revanche après la journée de merde de la veille", a lâché la Danoise, en larmes après cette douzième victoire, la plus grande de sa carrière, à 26 ans.
Pour ne rien gâter, figurera pour toujours sur la photo, juste derrière elle, la légende et maillot jaune Marianne Vos, impuissante. "Quand Cecilie a lancé son sprint après le dernier virage, j'étais incapable de la suivre", a constaté la puncheuse Néerlandaise, qui a conforté son avance en tête du classement général sur toutes les autres concurrentes.
"Je me répétais +allez au moins pour le podium de l'étape, au moins pour le podium+. Et tout à coup, je me suis dit +ça se présente pas mal finalement+ et j'ai tout donné", a décrit la théâtrale Danoise, au débit de parole encore supérieur à la fréquence de pédalage.
"Je voulais aider l'équipe, garder mon +fighting spirit+, a-t-elle décrit. Je savais que, si j'avais les jambes, je pourrais jouer la victoire. Mais de là à le faire, à devenir victorieuse d'étape dans le Tour de France et avec ce maillot (de championne du Danemark)... Mon Dieu, que demander de plus ?"
- Van Vleuten déçoit -
La sélection s'est opérée dans la côte de Mutigny (900 mètres à 12,2% de pente moyenne), où Julian Alaphilippe s'était envolé pour remporter l'étape et enfiler le maillot jaune dans le Tour 2019.
Présente dans un second groupe, Cecilie Uttrup Ludwig a profité des chutes de Demi Vollering et Liane Lipert dans la descente et de la mésentente du groupe de tête pour opérer la jonction à six kilomètres de la ligne.
La grimpeuse de 26 ans n'a laissé aucune chance à la concurrence dans l'avenue de Champagne et ses châteaux des grandes maisons champenoises.
Dans ces seize derniers kilomètres identiques à ceux où avait brillé Alaphilippe, l'immense favorite Annemiek van Vleuten a montré à deux reprises des signes de faiblesse.
La leader de Movistar, lauréate du Giro en début de mois, a d'abord cédé dans le Mont Bernon (1 km à 4,6%) à quatre kilomètres de la ligne, où ses rivales se sont disputées les bonifications.
Rentrée, elle a de nouveau flanché dans le final et lâché vingt secondes sur les plus rapides. La Néerlandaise affiche déjà près d'une minute de retard sur deux grandes rivales, la Polonaise Katarzyna Niewiadoma et l'Italienne Elisa Longo Borghini. Avant même les 12,9 kilomètres de chemins de vignes de la quatrième étape mercredi entre Troyes et Bar-sur-Aube (126,8 km).
Des sentiers crayeux entre les coteaux dont elle n'est "pas fan dans les courses à étapes parce qu'il est possible de perdre le classement général sur un coup de malchance." Après trois étapes, van Vleuten n'a plus de temps à perdre.