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Elles boxent chez les femmes malgré un taux élevé de testostérone: que se passe-t-il avec l'hyperandrogénie aux JO 2024 ?

L'Italienne Angela Carini a abandonné jeudi après moins d'une minute de son combat en quart de finale (-66 kg) contre l'Algérienne Imane Khelif, présente dans le tournoi olympique malgré des taux élevés de testostérone qui l'avaient privée des championnats du monde.

Après un direct au visage adressé par Khelif, Carini s'est retournée vers son coin, signifiant qu'elle ne souhaitait pas continuer. "Je suis montée sur le ring pour combattre. Je ne me suis pas rendue mais un coup de poing m'a fait trop mal et j'ai dit ça suffit", a déclaré après sa défaite la boxeuse italienne aux médias de son pays. "Je ne suis personne pour juger ou prendre une décision, si cette femme est ici, il y a une raison", a-t-elle ajouté.

"Toutes ces polémiques lui donnent de la force pour avancer", a de son côté déclaré l'entraîneur de Khelif, Mohamed Chaoua, à l'issue du combat. "Je remercie le peuple algérien. C'est la première victoire, et j'espère obtenir la deuxième pour garantir la médaille. Ensuite, j'espère gagner une médaille d'or", a de son côté déclaré Khelif qui, ces derniers jours, a reçu le soutien de sa fédération qui a dénoncé une campagne de dénigrement "par des médias étrangers" la visant.    

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a dénoncé "un combat qui n'était pas sur un pied d'égalité", ajoutant ne pas être "d'accord avec le CIO". "Je pense que les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines", a-t-elle dit, selon une vidéo postée sur X après le combat.   Khelif avait échoué l'année dernière à un test d'éligibilité de genre mis en place par la fédération internationale (IBA), l'écartant des Mondiaux.  

Mais mardi, le comité international olympique (CIO) a soutenu sa présence, ainsi que celle de la Taïwanaise Lin Yu-ting, qui avait été également exclue des Mondiaux et doit combattre vendredi. "Tous les concurrents respectent les règles d'éligibilité aux compétitions", a répété jeudi Mark Adam, porte-parole du CIO, qui avait ajouté qu'il était "établi que ce sont des femmes".  

"Le test de testostérone n'est pas un test parfait. De nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes", a-t-il dit.   Selon la fiche de la boxeuse algérienne fournie par le CIO, elle avait été disqualifiée après "des taux élevés de testostérone" lors de ces Mondiaux. En ce qui concerne Lin Yu-ting, selon sa fiche, elle "n'a pas répondu aux critères d'éligibilité après un test biochimique".

Une hyperandrogénie

La boxeuse algérienne Imane Khelif est "née femme, enregistrée comme femme, vit sa vie en tant que femme, boxe en tant que femme", a dit vendredi le porte-parole du CIO Mark Adams.  "Ce n'est pas un cas transgenre", a-t-il ajouté au cours de la conférence de presse quotidienne du CIO, qui a publié jeudi soir un long communiqué sur le sujet. 

L'IBA, qui entretient des relations exécrables avec le CIO, a réfuté que son test consistait en une analyse du taux de testostérone mais n'en a pas précisé la nature. 
Tout le monde veut "une explication simple" mais une explication "noir ou blanc n'existe pas", "ni dans la communauté scientifique ni ailleurs", a argumenté Mark Adams, porte-parole du CIO. 

Interrogé sur le fait de savoir si les deux sportives avaient été testées sur la testostérone avant la compétition des JO, Mark Adams a répondu "Non (...) Il y a beaucoup de femmes avec des taux plus élevés de testostérone que des hommes", a-t-il ajouté. "Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes", avait déjà expliqué mardi Mark Adams mardi lors d'un point presse, refusant alors de citer le nom des athlètes. 

En vérité, Khelif et Lin You-ting sont hyperandrogènes, ce qui veut dire qu'elles ont un taux élevé d'hormones mâles dans le corps. Ce phénomène peut renforcer la masse musculaire et avoir un impact sur les performances. Le sujet est d'ailleurs très complexe, parce que les fédérations, nationales ou internationales, peinent à définir si une personne hyperandrogène doit participer dans telle ou telle catégorie (féminine ou masculine), ou encore avoir le choix de la catégorie. Il y a donc un flou, que la biologie ne permet pas vraiment de résoudre, ce qui explique que ce cas précis fasse l'objet de ces débats. 

Les deux sportives ont combattu aux JO de Tokyo en 2021, selon le CIO. 
 

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