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Après un journée complètement folle, Richard Carapaz a concrétisé la première échappée victorieuse depuis dix jours dans le Tour de France, mercredi à Superdévoluy, où Jonas Vingegaard a montré des signes de faiblesse.
Pour une fois, les favoris n'étaient pas à l'avant de la course après avoir fini par offrir des bons de sortie à la pelle lors de cette 17e étape qu'avait coché la moitié du peloton.
Mais cela ne les a pas empêchés de se faire une nouvelle fois la guerre dans le difficile col du Noyer, l'avant-dernière ascension du jour, où Tadej Pogacar a encore laissé tout le monde sur place.
"L'ascension m'a plu énormément et je voulais tester les jambes, voir si elles étaient toujours bonnes", a expliqué le Slovène après s'être extirpé d'un petit groupe maillot jaune qui naviguait à plusieurs minutes des échappées.
Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel, d'abord largués, ont réussi à revenir dans la descente.
Mais la bataille royale a repris dans les pentes plus douces vers Superdévoluy et cette fois c'est le rouleur belge qui a accéléré pour reprendre au final douze secondes sur Vingegaard.
"Quand on est rentré dans la descente, j'avais encore des bonnes jambes. J'ai fait le jump sur (son équipier) Jan Hirt et il m'a emmené jusqu'au dernier kilomètre et après j'ai tout donnée", a raconté Evenepoel.
Incorrigible, Pogacar, resté tranquillement dans la roue du Danois, l'a attaqué dans les derniers mètres pour grappiller lui aussi deux secondes toujours bonnes à prendre.
- Vingegaard "a coincé" -
Au général, le Slovène possède désormais 3:11 d'avance sur Vingegaard et 5:09 sur Evenepoel.
Mais plus qu'au classement, les dégâts risquent surtout d'être dans la tête du double tenant du titre qui voit le champion du monde du chrono revenir à moins de deux minutes.
"Ce n'était pas ma meilleure journée, mais je sens que je continue à progresser. Si c'était ça mon jour-sans, je suis content", a-t-il réagi.
"Jonas a coincé mais on ne peut pas tirer de conclusions après une bosse comme ça. Ce sont des efforts très courts, très explosifs et on sait que ça correspond très bien à Tadej, a relativisé Christophe Laporte qui, rescapé de l'échappée, avait attendu son leader avec Tiesj Benoot et Wout Van Aert pour "le ramener et sauver tout ça".
Carapaz avait alors franchi la ligne depuis plus de sept minutes déjà, après une remontée fantastique sur les premiers échappées suivie d'un raid solitaire de treize kilomètres à partir du col du Noyer.
"La vérité c'est que ça a été une journée très dure. Il y avait tout le temps des attaques, des attaques et des attaques. A la fin il y a ce très grand groupe qui sort et je savais qu'il fallait que je bouge de ce groupe qui était trop grand. C'est une victoire merveilleuse", a-t-il commenté.
C'est la première victoire d'étape sur la Grande Boucle pour le coureur d'EF Education qui complète ainsi sa collection sur les grands Tours et étoffe encore un palmarès déjà très fourni avec notamment un Tour d'Italie en 2019 et un titre de champion olympique à Tokyo.
- La mue de Carapaz -
Il y a deux semaines, le grimpeur d'El Carmelo avait porté le maillot jaune un jour avant de le lâcher à Pogacar dans l'étape du Galibier, où il a perdu toutes ses chances de jouer le classement général cette année.
Il s'est alors mué en chasseur d'étapes, montrant une belle activité mais sans parvenir à concrétiser dans un Tour cadenassé par les favoris et les sprinteurs depuis l'étape des chemins blancs le 7 juillet.
"L'objectif au départ était le classement général, mais (après le Galibier) on savait que c'était cuit. Gagner un étape veut dire beaucoup. C'est la plus grande course du monde. Il n'y a que les meilleurs ici", a-t-il dit.
Premier Équatorien à s'imposer sur le Tour, Carapaz a devancé de 37 secondes le Britannique Simon Yates, suivi de l'arrivée au compte-goutte de dizaines de coureurs partis à un moment ou un autre dans une échappée lors de cette journée complètement débridée, "une course de juniors pendant 120 bornes", selon Pogacar.
L'équipe Visma de Jonas Vingegaard a été particulièrement active en envoyant plusieurs coureurs à l'avant. Peut-être pour tenter de servir de relais à une attaque de leur leader. Au final, ils lui ont surtout permis de limiter la casse, avant les travaux d'Hercule des prochains jours.