L'édito d'Offredo: Wouter et les autres, on fait quoi maintenant ?

Je m’en souviens comme si c’était hier. Un après-midi de mai, je rentrais de ma sortie d’entraînement, enfilais ma paire de chaussettes de contention, préparais ma boisson de récup et m’installais confortablement sur mon canapé pour regarder la troisième étape du Giro 2011.

Je m’en souviens comme si c’était hier. J’en ai encore le frisson et les larmes me montent.

"CHUTE DU DOSSARD 108"

Nous sommes dans la descente du Passo del Bocco. À plus de 70km/h, Wouter Weylandt perd le contrôle de sa machine et vient percuter le sol avec une violence indescriptible. Je comprends rapidement la gravité de la chute. Le réalisateur de la RAI s’arrête sur ses images qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire. 

Tu avais 26 ans

Depuis j’ai perdu d’autres collègues, compagnons de route, amis. Gino, Bjorg, Stef, Mathieu, Antoine… En ce début de saison, le bilan aurait pu s’alourdir avec la terrible de chute de Van Aert, sans parler de celle sur le Tour du Pays Basque, emmenant à terre Vingegaard et Evenepoel entre autres. 

Dans un Élan de colère et de tristesse, je m’étais laissé dire 'jamais mes enfants ne feront de vélo'. Trop dangereux. Mais alors à qui la faute ? Aux coureurs ? A la pression ? Aux oreillettes ? Aux organisateurs ? Aux vélos ? Limiter la technologie ? Enlever les oreillettes, courir dans des zones industrielles ? Avec une armure comme si nous partions au combat ? Je n’ai pas la réponse, mais il convient de se mettre autour d’une table et d’en discuter afin d’éviter de nouveaux drames. D’éviter à femmes, enfants, amis de pleurer la mort d’un proche. 

Ce lundi, Tim t'a dédié sa victoire, en levant ses mains au ciel en forme de W non sans émotions. Il avait 18 ans lorsque tu es décédé. Tu es toujours parmi nous, tout comme Gino, Bjorg, Stef, Mathieu, Antoine et les autres. 

Et tu sais, j’espère que mes enfants feront du vélo, pour qu’un jour, ils puissent découvrir oh combien ce sport est magnifique. En Italie, en France, en Belgique ou ailleurs, mais en sécurité.  Je pense à toi. Je pense à vous. Salut copain.