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Poussé dans ses derniers retranchements, Primoz Roglic a remporté le Dauphiné pour huit petites secondes dimanche et s'annonce comme un sérieux client pour le Tour de France qui commence dans trois semaines.
Dans un final haletant vers le plateau de Glières, haut-lieu de la Résistance, le Slovène, moins souverain que ces derniers jours, a fait preuve d'une grande résilience pour sauver son maillot jaune et rendre hommage aux anciens combattants des lieux.
Attaqué, puis lâché par Matteo Jorgenson et Derek Gee, ses poursuivants immédiats au général, il a limité la casse en franchissant la ligne avec 48 secondes de retard sur le vainqueur, l'Espagnol Carlos Rodriguez, qui a réglé Jorgenson au sprint.
Au final, il conserve huit secondes d'avance sur Jorgenson, vainqueur de Paris-Nice en mars, et 36 secondes sur l'épatant Canadien Derek Gee pour remporter son deuxième Dauphiné après 2022.
"J'ai eu de la chance qu'ils n'aillent pas plus vite devant. J'étais vraiment fatigué. Ce n'était pas une priorité de gagner le Dauphiné mais je suis content et fier de l'avoir fait", a-t-il réagi.
L'étroitesse des écarts et le fait que Roglic n'ait pas réussi à suivre Jorgenson, leader de substitution de l'équipe Visma-Lease a bike en l'absence de Jonas Vingegaard, montre qu'il n'est pas encore à son tout meilleur niveau.
- "Tout a changé" -
Un constat finalement logique puisqu'il n'avait plus couru depuis deux mois et sa chute au Tour du Pays basque. Pour preuve, l'autre tête d'affiche de cette 76e édition, le Belge Remco Evenepoel, impliqué dans la même chute au Pays basque mais plus lourdement touché (fractures de la clavicule et de l'omoplate), termine septième du Dauphiné, à plus de deux minutes.
"Après tout ce qui s'est passé ces dernières semaines, c'est un très beau résultat", a apprécié Roglic qui, outre la première place du général, repart aussi avec deux victoires d'étape.
En attendant des nouvelles de Jonas Vingegaard, il apparaît à ce stade comme le principal rival de Tadej Pogacar, l'autre Slovène, qui l'avait détroussé du maillot jaune sur le dernier contre-la-montre lors du Tour de France 2020 et sur lequel il brûle de prendre sa revanche.
L'ex-sauteur à skis a quitté l'équipe Visma et l'ombre envahissante de Vingegaard cet hiver pour le maillot vert de la formation allemande Bora-Hansgrohe précisément dans l'optique d'avoir un collectif 100% dédié à sa quête du Tour.
Les débuts ont été timides, lors d'un Paris-Nice décevant (10e) en mars.
"Il faut comprendre que c'est un nouveau départ pour moi. Tout a changé", a expliqué le Slovène qui avoue parfois encore "suivre les gars en jaune", les coureurs de son ancienne équipe.
- Evenepoel à "85/90%" -
Un stage collectif de trois semaines dans la Sierra Nevada, lui a permis de mieux connaître ses nouveaux coéquipiers.
"Là-bas, on a vu que Primoz était déjà en bonne forme", raconte à l'AFP l'un d'eux, le Luxembourgeois Bob Jungels, ancien vainqueur de Liège-Bastogne-Liège.
Au Dauphiné, le Slovène a poursuivi son acclimatation au sein d'une équipe selon Jungels "bien équilibrée avec, sur le papier, des palmarès quand même intéressants".
Avec des lieutenants comme Jungels, Matteo Sobredo, Alexandr Vlasov et Jai Hindley, c'est effectivement une petite armada, presque aussi forte que le Team UAE de Pogacar, que Roglic aura à son service, en comptant en plus le Colombien Dani Martinez, deuxième du dernier Giro.
Evenepoel part d'un peu plus loin, jaugeant son état de forme à "85/90%" au sortir d'une semaine qu'il a tout de même considérée comme "positive".
"Aujourd'hui, je finis avec Vlasov, pas loin de Roglic et Ciccone, je termine 7e au général, je gagne une étape (le chrono mercredi), c'est un très bon résultat, même s'il reste encore du travail", a estimé le Belge qui, après quelques jours de repos, se rendra à Isola 2000 pour s'entraîner et reconnaître les dernières étapes du Tour dans l'arrière-pas niçois.
Côté français, le Dauphiné 2024 aura été un mauvais cru: zéro victoire d'étape et une quinzième place au général pour David Gaudu à plus de onze minutes.