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Ça va monter extrêmement haut: l'étape reine du Tour de France va mettre les coureurs à rude épreuve

Le Tour de France voit, ce jeudi, son étape reine mener les coureurs à plus de 2.800 mètres d'altitude.

"Là-haut on respire avec une paille": le Tour de France va tutoyer le ciel vendredi lors de l'étape-reine entre Embrun et Isola 2000 qui sera l'une des dernières chances de Jonas Vingegaard de renverser Tadej Pogacar.

2.802 mètres: c'est l'altitude à laquelle le peloton va grimper lors d'une 19e étape hors-norme (départ réel à 12h30, arrivée vers 16h45) avec pas moins de trois sommets au-dessus de la barre des deux mille au pays où l'oxygène se fait rare.

Pour s'échauffer, il y a le col de Vars (2.109 m). Pour terminer l'ascension finale vers Isola 2000. Et au milieu, la cime de la Bonnette, plus haute route goudronnée de France, dépassée en Europe seulement par la route du glacier de l'Otztal en Autriche et le Pico Veleta en Espagne, sachant que ces routes ne relient pas deux vallées, ce qui ouvre un débat pour puristes.

"On ne peut pas aller plus haut. C'est une étape extrême de grimpeurs. Déjà au-dessus de 2.000 ça commence à être compliqué. A 2.800 tu respires avec une paille", souligne Thierry Gouvenou, l'architecte du parcours.

L'histoire de la cime est originale. Sentier muletier au départ, devenue route impériale sous Napoléon III, la route s'arrêtait jusque dans les années 1960 au col de la Bonnette, à 2.715 m.

"C'est loin"

Une boucle de 1,2 kilomètre à 7,3% de moyenne a alors été rajoutée "uniquement dans le but de battre l'Iseran (2.764 m) qui était à l'époque la plus haute route asphaltée d'Europe", raconte le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme.

Malgré la beauté des lieux, dans un décor de roche noire au coeur du Massif du Mercantour, la cime de la Bonnette n'est pas souvent au programme du Tour de France - ce sera le cinquième passage seulement après 1962, 1964, 1993 et 2008 - car c'est "très au sud-est, très loin et donc pas facile à caser dans un parcours", explique Christian Prudhomme.

La configuration de l'édition 2024 avec une arrivée finale dimanche à Nice, en raison des Jeux Olympiques à Paris, a favorisé son retour sur la carte du Tour.

L'endroit est magnifique mais ressemble à un traquenard pour Tadej Pogacar, maillot jaune avec 3:11 d'avance sur Jonas Vingegaard au classement général.

"S'il y a un déséquilibre entre Pogacar et Vingegaard, c'est là que ça peut se remettre en ligne de chaîne car tout le monde n'a pas la même réaction à l'altitude et il risque de faire chaud. Il y a moyen de craquer comme il avait craqué dans le Granon", souligne Gouvenou.

Pogacar "adore"

De fait, le Slovène a donné ces dernières années des signes de faiblesse à haute altitude, battu systématiquement par le Danois, que ce soit au Ventoux en 2021, au Granon en 2022 ou au col de la Loze l'été dernier.

A la présentation du parcours en octobre, Vingegaard s'était d'ailleurs frisé la moustache en lâchant: "je suis très content de ce que j'ai vu".

Mais Pogacar dit ne plus craindre ce qui a été l'une de ses faiblesses comme il le reconnaît volontiers. Le leader d'UAE a changé cet hiver d'entraîneur pour notamment faire un travail spécifique d'adaptation à la chaleur et à l'altitude.

"J'adore la Bonnette", assure "Pogi" qui l'a escaladée pour la première fois en août dernier, une longue ascension de 22,9 km à 6,9%. Il connaît aussi parfaitement la montée vers Isola 2000 où il a passé trois semaines en stage juste avant le début du Tour.

Reste à vérifier comment il va digérer l'enchaînement de ces trois cols à haute altitude, une remarque qui vaut également pour Remco Evenepoel, troisième au général.

Et si jamais ça ne suffit pas, une autre étape maousse attend les coureurs dès le lendemain entre Nice et le col de la Couillole avec quatre nouvelles ascensions, dont trois de première catégorie.

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