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"Rare, très puissant, dangereux". Les 40 Imoca de la Transat Jacques-Vabre, qui devaient s'élancer dimanche du Havre en direction de la Martinique, resteront à quai en raison d'une tempête attendue en milieu de semaine prochaine en Atlantique.
Créée en 1993, la transatlantique en double va souffler ses bougies dans une ambiance morose. Un phénomène météorologique violent prévu dans le Golfe de Gascogne mercredi a poussé les organisateurs à reporter le départ de près de la moitié de la flotte.
"Une casse dans ce système, avec un bateau qui ne serait plus manoeuvrant... il n'y a aucune échappatoire possible", a expliqué Francis Le Goff, directeur de la course, en conférence de presse dimanche matin.
"On a plus de 8 mètres de creux en mer à partir du mercredi et 10 mètres le jeudi avec des rafales à près de 120 km/h", a commenté le météorologue Christian Dumard.
Pour le navigateur Maxime Sorel (VandB - Monbana - Mayenne), "les dix premiers Imoca auraient pu passer tout juste avec des conditions dantesques mais l'arrière de la flotte, cela ne le faisait pas".
"J'avoue que je n'ai pas très bien dormi vu les prévisions, il y en aurait forcément eu 1 ou 2 qui auraient eu des avaries grave" a réagi la skippeuse britannique Samantha Davies (Initiatives Coeur).
Dimanche, aucune nouvelle date de départ n'avait été donnée par l'organisation pour les monocoques du Vendée Globe. Les skippers Imoca interrogés par l'AFP tablaient sur une fenêtre éventuelle "en fin de semaine prochaine ou au début de la suivante".
- Ultim en partance -
Le coup d'envoi de la course pour les trois autres classes de bateaux engagés (Ultim, Ocean Fifty et Class40, 55 navires) débutera comme prévu à partir de 13h05 au large du Havre.
"C’est bien d’avoir un bateau rapide dans ces conditions (...) Après ce sera quand même des conditions musclées pour nous", avance Anthony Marchand, skipper de l'Ultim Actual, l'un des cinq géants de mer alignés au coup de canon dimanche.
Les maxi-trimarans de 32 mètres de long sont la plus véloce des classes de bateaux à prendre le départ au large de la Normandie. "Et si nous n’avons pas de pépin technique, il y a de grandes chances qu’on évite la grosse dépression", dit Marchand.
En Ultim, la victoire devrait se jouer entre le Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier et Erwan Israël), SVR Lazartigue (François Gabart et Tom Laperche) et le voilier Banque Populaire (Armel Le Cléac'h et Sébastien Josse).
Mais l'équipage du Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville et Thomas Rouxel) compte bien profiter de la tempête pour créer la surprise. "On est préparés à cela. Toute l'expérience que j’ai accumulée fait qu'aujourd’hui, je me sens à l'aise dans ces conditions", avance Coville. Ils sont attendus à Fort-de-France dans deux semaines.
- Escales forcées -
Fait inédit dans l'histoire de la course, les Class40 et les Ocean Fifty, bateaux les plus fragiles, partent également dimanche mais devront tous faire escale à Lorient en début de semaine prochaine pour laisser passer le coup de tabac.
"C'est plus de l’ordre d’un cyclone que d’une dépression ! C’est rare, très puissant et dangereux", estime Xavier Macaire (groupe SNEF), à la barre d'un Class40.
"Le départ de cette deuxième étape sera donné en flotte et le classement établi à l'arrivée en Martinique à la somme des temps des deux étapes", précise Francis Le Goff.
"Nous n'avions pas la capacité de proposer ce format avec escale à la classe Imoca pour des raisons de place dans le port", a-t-il ajouté dimanche.
"On est un peu frustrés de voir tous les autres aller jouer aujourd'hui, on a l'impression d'être punis et privés de départ (rires) mais c'est la vie et il faut l'accepter", philosophe Samantha Davies.