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C'est une histoire d'amour qui dure entre une petite ville de Provence et les meilleurs athlètes au monde: depuis 2016, les sportifs kényans viennent s'entraîner à Miramas, où ils ont établi leur camp de base pour préparer les Jeux Olympiques de Paris.
Cette cité cheminote, l'un des noeuds ferroviaires les plus importants en France à 40 kilomètres au nord de Marseille, connaît un engouement remarquable pour le sport puisqu'on compte 10.000 licenciés dans un club pour 26.000 habitants !
En 2016, le président de l'Athlétic Club Miramas Christophe Catoni a accueilli dans ce cadre l'ancien marathonien kényan Daniel Chirchir, devenu entraîneur, alors en quête d'un endroit où "entraîner ses athlètes dans la région".
Séduit par les infrastructures de la ville, dont l'une des plus grandes pistes d'athlétisme d'Europe en intérieur au Stadium, ouvert en 2018, et la qualité de l'hospitalité miramasséenne, de plus en plus d'athlètes kényans sont venus s'y entraîner au cours des dernières années.
Une chance énorme, selon Christophe Catoni: "Nos jeunes voient ce que c'est du haut niveau tous les jours" et côtoient des sportifs "souriants, toujours là pour une photo, pour un sourire, pour un check".
Jeudi matin, il est à peine 08H00 mais une trentaine de personnes de la région en survêtement se pressent déjà sous les platanes pour une séance de sport sous la direction du sprinteur kényan Ferdinand Omanyala.
Ce spécialiste du 100 mètres, recordman d'Afrique de la discipline en 9s77 et deuxième meilleur performeur de l'année 2024, est devenu le symbole du lien entre le Kenya et la ville provençale, au point de prendre sa licence à l'AC Miramas en 2023.
"C'est comme ma deuxième maison. Les gens sont très gentils avec moi ici. J'aime la nourriture. J'aime tout à Miramas et c'est très calme. Un très bon endroit pour s'entrainer, sans distraction", résume-t-il entre deux foulées.
Les quelques amateurs présents ce matin-là sont conquis, comme Ghislaine Daumas, 50 ans, venue de la commune voisine de Saint-Chamas: "C'est stimulant, c'est intéressant, ça m'apprend plein de choses."
"C'est un avantage que l'on a de faire un entraînement avec un futur - peut-être - champion des JO", sourit Valérie Chauveaux, 57 ans.
- "Mariés" -
Par ce lien historique, Miramas est apparue comme une opportunité parfaite pour préparer les Jeux de Paris quand le club et les collectivités locales ont présenté le projet d'accueil au comité olympique kényan en 2022.
Un camp de base nécessaire pour permettre aux athlètes de s'acclimater au temps chaud et humide qu'il y aura à Paris en août: "Nous n'avons pas ce temps au Kenya. Nous sommes en haute altitude", explique Paul Tergat, double vice-champion olympique de 10.000 mètres aujourd'hui à la tête de la délégation.
Mais pour lui, ce lien "essentiel" entre les deux pays doit aussi se poursuivre au-delà de la simple dimension sportive: "la culture, le tourisme, ce sont des choses qu'on veut voir" se développer.
Jeudi soir, lors de la présentation de la "team Kenya", le maire de Miramas Frédéric Vigouroux a officialisé un partenariat entre la ville et la région d'Iten (ouest du Kenya): "Nous sommes mariés maintenant", a-t-il plaisanté à l'attention de Paul Tergat.
Cet accord devrait permettre aux entraîneurs africains de venir se former aux sciences du sport en France, mais il revêt aussi une dimension culturelle et économique: une entreprise de Miramas "a obtenu un marché public de réparation des voies ferrées" au Kenya, souligne le maire.
Une réussite dans le cadre de ces Jeux pour lui: "Il y a deux ans, on a parié que ça serait une vraie fête, là où tout le monde critiquait (...). Les Jeux olympiques, c'est exceptionnel de les avoir dans son pays", assure M. Vigouroux.
Le rendez-vous est d'ores et déjà pris après la clôture de la quinzaine à Paris, pour venir célébrer les médailles kényanes avec les Miramasséens.
Lors des Jeux de Tokyo en 2021, le Kenya avait raflé dix médailles dont quatre en or, toutes en athlétisme.