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De la Gaume au Wisconsin pour les championnats du monde de... CrossFit: Manon s'entraîne "entre 5 et 6 heures par jour"

Pour la première fois depuis 17 ans de compétition, une Belge a participé aux CrossFit Games, l'équivalent de la coupe du monde de la discipline. Un accomplissement pour celle qui est athlète professionnelle depuis qu'elle a 15 ans. La Wallonne a le sport dans le sang.

On dit parfois que le sport est une drogue. Si c'est le cas, Manon Angonèse est devenue accro très jeune. "Avant de me lancer dans la préparation physique, j'étais cavalière professionnelle, à mon compte, depuis mes 15 ans", nous apprend-elle. Rien que ça. "C'était toute ma vie". Si la ligne en impose sur un curriculum vitae, la jeune femme qui a désormais la trentaine, reconnaît avec du recul que c'était "beaucoup trop tôt pour commencer à travailler". Elle avoue avoir fait "un genre de burn-out". Mais pas de regret, Manon Angonèse va au bout de ce qu'elle entreprend et parvient à tirer le meilleur de cette expérience : "On apprend de ses erreurs".

Quand je dois faire le job, je le fais

Naïf celui qui pense qu'après sa retraite anticipée à 22 ans, la toxicomane de l'effort physique va arrêter le sport et dire au revoir à l'adrénaline de la compétition. "Je me suis lancée dans la préparation physique pour suivre les traces de mon père qui a toujours fait du sport", raconte-t-elle. Pendant ses études, elle fait connaissance avec un maître de stage adepte de CrossFit: "C'est via lui que j'ai découvert ce sport." Une découverte qui a plu visiblement: "Le temps de terminer mes études, ma formation et en 2016, j'ai commencé le cross à 300%".

"Manger dormir s'entraîner"

En plus du CrossFit, la citoyenne de Sainte-Marie-sur-Semois est haltérophile, professionnelle évidemment. Elle alterne les phases d'entraînement de chacune des disciplines en fonction des périodes et des compétitions à venir. Pour se préparer à un événement tel que les CrossFit Games, celle que l'on surnomme White Shark a fait du Cross son quotidien. Ce qui ne l'a pas particulièrement sortie de sa zone de confort puisque son métier consiste à… coacher. Elle tient ce qu'on appelle une box de CrossFit avec son compagnon dans le sud de la province du Luxembourg. Le récit d'une journée "classique" de l'athlète donnerait presque des courbatures: "Je me lève le matin, je déjeune, je vais m'entraîner, je coache, je mange, je fais une sieste, je m'entraîne, je coache, je mange, je dors." Bilan: "Entre cinq et six heures d'entraînement par jour".

C'est un rythme de vie avant tout et les bénéfices sont inestimables selon elle: "Ce que je remarque, c'est que grâce au CrossFit, je peux faire tout ce que j'ai envie de faire. Si demain je veux m'inscrire à un triathlon, je le finirai. Je ne serai pas dans les meilleurs, mais je finirai. C'est le but du Cross, préparer les gens à tout ce qu'ils ont envie d'entreprendre."

Je me suis identifiée au grand requin blanc

Dans le cas de la Gaumaise, ça a fonctionné, le travail a payé. Pour se qualifier aux CrossFit Games en tant qu'Européenne, la jeune femme a dû se hisser parmi les meilleurs de sa discipline: "On avait 11 places pour toute l'Europe". C'est la première fois qu'une athlète belge participe à cet événement.

Rester dans l'ombre

Manon Angonèse aime l'effort, le sport, l'accomplissement mais pas tant la lumière. C'est pour cette raison qu'elle a choisi le grand requin blanc comme animal totem: "C'est un animal extrêmement discret, qu'on ne voit jamais. Et le peu de fois où on le voit, il fait des dégâts. C'est ce à quoi je me suis identifiée. Je suis quelqu'un de très discret, j'aime bien m'entraîner dans mon coin, je n'aime pas que les gens en sachent trop sur moi. Je ne suis pas du genre à faire beaucoup de bruit, à chercher beaucoup la lumière mais quand je dois faire le job, je le fais." Pendant l'interview, elle nous confie d'ailleurs ne pas spécialement apprécier l'exercice.

Dans la même idée que le requin blanc, son ambition lors de cette grande compétition n'était pas de se faire un nom mais de "donner le meilleur" et "faire connaître la Belgique". C'est chose faite. Si elle n'est pas parvenue à se hisser sur les plus hautes marches du podium, ce n'est pas bien grave, le job était déjà fait avant même d'arriver à Madison, aux États-Unis. Elle s'est mesurée aux 40 meilleures femmes de la planète et termine à une honorable 35e place. Même si pour une compétitrice comme elle, c'est évidemment déceptif: "Mon coeur est brisé, ça ne représente pas tout le travail que j'ai fourni", écrit-elle sur son compte Instagram. Malgré tout, le CrossFit belge a mérité sa place avec Manon mais aussi avec Jelle Hoste qui, chez les hommes, est allé chercher le top 10.

Des vacances méritées

Les CrossFit Games se sont terminés le week-end dernier. La Belge va pouvoir prendre un peu de temps pour se remettre de ses émotions et elle pourra aussi profiter de son premier cheat meal depuis un moment. Pour le repas, ce sera pizza, "toujours!". Quant aux vacances, "à la montagne". Elle précise: "Dès que j'ai l'occasion, je pars, je fais de l'alpinisme, de l'escalade. Je ne peux pas passer des vacances à ne rien faire. J'ai ce constant besoin de bouger, de repousser mes limites. Je suis souvent plus fatiguée quand je reviens." Le sport est une drogue dure, il est difficile de décrocher pour notre athlète, pas même pour quelques jours.

 

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