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Le mercato est une période houleuse et agitée. Pour les joueurs, changer de club, c'est aussi faire un grand saut dans l'inconnu, avec de nombreux défis à relever avant même de fouler la nouvelle pelouse.
Derrière le glamour apparent des transferts et des compétitions de football, se cache une réalité méconnue : les défis hors du terrain. Lorsqu'un joueur change de club, particulièrement en quittant son pays, il doit gérer une transition complexe. Trouver un logement, une école pour les enfants ou parfois même un emploi pour le conjoint devient un calvaire logistique. Ces dimensions en apparence secondaires ont pourtant un impact direct sur les performances des sportifs sur le terrain.
Certains clubs, comme Anderlecht, ont mis en place des cellules sociales pour accompagner les joueurs et leurs familles dans leur adaptation. "À Anderlecht, on avait une personne dédiée pour nous aider à trouver un logement, une voiture et inscrire nos enfants à l'école", relate Silvio Proto. Ce type d'aide facilite nettement l'intégration, mais elle se raréfié souvent à l'étranger, où les clubs laissent le soin aux joueurs ou à leurs agents de gérer cela.
"Aucune assistance disponible"
À l'international, l'absence de soutien est souvent décriée par les professionnels. "Quand je suis parti à l'étranger, aucune assistance n'était disponible. J'ai dû tout organiser moi-même : maison, école internationale pour mes enfants, voiture...", confie Proto. Ce sentiment d'isolement est particulièrement lourd pour les jeunes joueurs qui, en parallèle de leur carrière sportive, doivent jongler avec des responsabilités inédites.
Certains agents y voient une fameuse opportunité. Ils proposent ainsi à des joueurs de s'occuper de tout, allant de la recherche immobilière à l'inscription des enfants. Mais en faisant cela, ils s'enrichissent encore et touchent des commissions parfois importantes. "Certains agents sont juste des faiseurs de deals. Ils signent le contrat, prennent leur commission et disparaissent", explique Proto. "Il y a ensuite des personnes qui tournent autour du club, des agents locaux, qui prennent une commission sur les services. Par exemple, si tu vas payer 20.000 euros pour l'école de tes enfants, lui va prendre 10% de commission dessus", détaille ensuite l'ancien Diable Rouge.
Lui voulait par exemple que sa compagne puisse continuer ses études de psychologie lorsqu'il est parti à l'étranger. Mais il voulait surtout éviter de se faire avoir. "On s'est démerdés nous-mêmes. On a trouvé notre maison, on a loué une voiture, on a trouvé l'école internationale pour les enfants. Il faut être débrouillard", précise Silvio Proto.
Des agents douteux
Toujours concernant les agents, Silvio Proto nous rappelle que leur but reste de gagner des petites fortunes. Certains ont donc poussé des joueurs à signer dans des clubs moins prestigieux, mais qui payaient mieux pour gagner plus d'argent en commissions. Parfois, cela se fait en discrétion, sans que le joueur ne soit réellement au courant, bien que l'ancien Diable Rouge n'ait pas connu cela personnellement.
"Imaginons que le club acheteur ait un budget de 1 million d'euros. Toi, tu dis à ton agent que tu veux 600.000 euros. Et bien lui va négocier pour avoir 400.000 euros et ainsi atteindre le million d'euros", raconte l'ancien portier. À côté de cela, certains bons agents parviennent aussi à garantir des revenus intéressants à leurs joueurs, y compris... lorsqu'ils quittent le club où ils viennent de signer.
"Tu dois négocier à l'avance. Par exemple, tu es transféré et tu rajoutes une clause qui indique que, le jour où je quitte le club, j'aurai un pourcentage à la revente. Cela se fait souvent", confirme Proto. Comprenez que le mercato, un monde où transite énormément d'argent, nécessite que l'on s'y intéresse avec la plus grande prudence. Joueurs, dirigeants, agents: tous doivent redoubler de vigilance.
La pression associée à ces défis logistiques s'étend aussi aux familles, souvent invisibles mais essentielles à l'épanouissement du sportif. Investir dans des structures de soutien est un choix stratégique pour les grands clubs, où le bien-être des joueurs influe directement sur leur rendement.