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Leonardo, directeur sportif omniprésent, polyglotte mais surprotecteur, bon acheteur mais mauvais vendeur, est le premier à partir du PSG dans le nouveau cycle initié par la prolongation de Kylian Mbappé, faute d'avoir rempli le contrat principal de l'actionnaire qatarien: remporter la Ligue des champions.
Le Brésilien de 52 ans a été limogé samedi soir lors de la soirée de la célébration du dixième titre national, où il n'est pas apparu lors des festivités. Au fond, peut-être que le voir partir faisait partie de la fête pour le Paris SG, qui voulait tourner la page d'une saison compliquée.
Le visage de l'ancien joueur du PSG devenu dirigeant reste associé à l'incroyable échec face au Real Madrid, où le club s'est effondré en 17 minutes (3-1) alors qu'il avait un pied et demi en quarts de finale de C1.
Cette catastrophe a sanctionné sa politique de recrutement, avec beaucoup d'achats de stars et peu de ventes, et son "cocooning" excessif des joueurs.
Depuis, "Leo" a été mis de côté sur le dossier majeur, faire prolonger Mbappé, repris en main par le président Nasser Al-Khelaïfi, qui a résisté avec succès aux avances du Real. Pour le Qatarien, il est temps d'ouvrir un nouveau cycle, centré sur "Kyky".
Pourtant, l'ancien ailier champion du monde 1994 a déjà œuvré à la métamorphose du PSG sous ses deux mandats, de Zlatan Ibrahimovic à Lionel Messi.
Premier "DS" du PSG qatari, de 2011 à 2013, l'élégant Brésilien polyglotte avait construit les fondations de l'armada des débuts, avec d'abord Javier Pastore, puis "Ibra", Thiago Silva, Marco Verratti ou Marquinhos, les deux derniers étant toujours des piliers de l'équipe.
- Tempérament -
Le premier mandat de "Leo" s'était terminé dans la tourmente. Il avait démissionné en juillet 2013 après avoir été suspendu neuf mois pour une bousculade avec l'arbitre d'un match contre Valenciennes, Alexandre Castro, une sanction annulée un an plus tard par le tribunal administratif.
Son tempérament a peut-être chauffé également dans les couloirs du Santiago-Bernabéu, l'UEFA ayant ouvert une enquête sur son attitude et celle du président Al-Khelaïfi avec les arbitres.
De retour en 2019 aux commandes de la politique sportive parisienne, il a de nouveau réussi des jolis coups sur le mercato, notamment les susperstars Lionel Messi et Gianluigi Donnarumma, arrivés libres, l'été dernier. Pour l'heure la venue de Messi, jamais à son niveau de septuple Ballon d'Or, est un couac.
Mais les deux plus gros coups ont été réalisé sans lui, par Al-Khelaïfi lui-même et Antero Henrique: Neymar et Kylian Mbappé, en 2017.
En interne, il est reproché à Leonardo d'être bon sur le recrutement, mais pas du tout sur les ventes, contribuant à lourdement déséquilibrer la balance commerciale du PSG.
Pour ne prendre qu'un exemple, l'Allemand Julian Draxler, proposé un peu partout chaque mercato, est toujours là, avec son plantureux salaire, et il ne joue guère. Ou alors la prolongation l'été dernier de Layvin Kurzawa, qui n'a pas joué une minute en Ligue 1 cette saison.
Il est également reproché au Brésilien, qui connaît tous les aspects du métier pour avoir été joueur international, dirigeant et entraîneur, notamment à l'AC Milan ou à l'Inter, de n'avoir pas favorisé l'inclusion des joueurs du brillant centre de formation dans l'équipe première.
- Protecteur, disponible -
De Kingsley Coman ou Moussa Diaby, hier, à Xavi Simons ces temps-ci, les meilleurs jeunes du club éclosent souvent ailleurs.
PSG achète beaucoup de stars, à l'image de David Beckham, des joueurs "bankables" qui font vendre des maillots floqués à leur nom, mais quelquefois au détriment d'une logique de construction d'équipe.
Symbole de cette politique qui a provoqué la colère des ultras, le malheureux Sergio Ramos, blessé, qui n'a joué que 13 matches depuis son arrivée, et aucun de C1.
Autre reproche circulant dans les couloirs du Parc des Princes ou de la Factory, le siège du club, "Leo", très protecteur des joueurs, contribue à isoler le sportif, décrit comme "une tour d'ivoire" par certains décideurs, du reste de la structure.
Cette façon de couver les joueurs a pu contribuer à leur mental fragile, qui a craqué dès que le Real a haussé le ton.
Exemple de cette surprotection, la saison deux du documentaire sur Amazon ("PSG, Ô ville lumière, 50 ans d'histoire") a beaucoup déçu au club car on y voit trop peu de moments-vérités qui font d'ordinaire la richesse de ce genre de format.
"Je veux protéger le secret du vestiaire", expliquait Leonardo à l'AFP pour justifier l'exclusion de scènes plus intimes et plus authentiques qui a contribué au final à rendre le produit trop lisse.
Disponible pour les médias, "Leo" était la voix du club, puisque le président "Nasser" parle peu publiquement et que Mauricio Pochettino évoque surtout le terrain et très exceptionnellement les questions extra-sportives.
Leonardo a contribué à construire une équipe qui règne sur la France, mais il s'en va après cinq ans de règne, en deux fois, faute d'avoir décroché cette couronne européenne, l'obsession du PSG.