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Entraîneur à succès en clubs, le Suédois Sven-Goran Eriksson, mort lundi à 76 ans des suites d'un cancer du pancréas, a été le premier étranger sélectionneur de l'Angleterre, un honneur qu'il n'a pas réussi à transformer en succès à la tête de la génération dorée des Beckham, Gerrard, Lampard et Rooney.
"Il s'est longtemps battu courageusement contre la maladie mais son combat a pris fin aujourd'hui", ont déclaré lundi ses enfants Lina et Johan dans un communiqué.
A l’automne de sa vie, Sven-Goran Eriksson, né le 5 février 1948 à Sunne, voyait déjà filer le temps.
"Tout est passé trop vite. Où est passée ma vie?", s'interrogeait-il dans The Telegraph en 2022. "J’ai une très belle vie et je suis heureux. Ce n'est pas comme si être sur le banc à Wembley me manquait."
Le Suédois gardera toutefois une place privilégiée dans les mémoires anglaises pour ses cinq années à la tête des Three Lions (2001-2006).
Peu après l'annonce de sa mort, le prince William, qui l'avait rencontré à de multiples reprises, a rendu hommage à "un vrai gentleman du football", à "son charisme et sa passion pour le jeu".
"C'est un jour très triste. Il a offert des souvenirs inoubliables aux fans anglais", a pour sa part commenté le patron de la Fédération, Mark Bullingham.
Un hommage lui sera rendu lors du prochain match de l'Angleterre, contre la Finlande le 10 septembre à Wembley.
Attendu au tournant par les médias anglais, Eriksson avait réussi ses débuts, comme lors du 5-1 infligé à l'Allemagne en éliminatoires du Mondial-2002.
- Maudits quarts -
Lors de cette Coupe du monde, l’Angleterre échoue en quarts contre le Brésil, futur vainqueur. Le scénario se répète à l’Euro-2004 et au Mondial-2006, où les Anglais s'arrêtent au même stade, à chaque fois aux tirs au but contre le Portugal.
Si Eriksson n'a pas tiré le meilleur d'une génération douée, il a apporté stabilité et rigueur, au point de se voir souvent reprocher un manque d'audace dans le jeu.
Réputé froid et distant, il vient pourtant au secours de ses joueurs, comme Wayne Rooney, après son carton rouge en quarts en 2006. "Je pense que vous, plus que moi, avez besoin de Wayne Rooney. Il est le garçon doré du football anglais, alors ne le tuez-pas."
- Faux cheikh –
En revanche, les tabloïds, déjà à l'origine de révélations sur ses relations extra-conjugales, auront sa peau à lui. Quelques mois avant le Mondial-2006, il est piégé, comme d'autres célébrités, par un journaliste déguisé en cheikh. Eriksson évoque notamment avec lui son départ du poste de sélectionneur et une possible reprise d'Aston Villa.
"J’aurais été limogé de toute façon après la Coupe du monde 2006 car nous n'avons pas été bons en quarts".
- Globe-trotter -
Plus que tout, Eriksson aimait le football, sa "drogue", qui lui coûtera un divorce. Comme Carlo Ancelotti, il n'a jamais dirigé la sélection de son pays, mais il a réussi en clubs.
Certes, son palmarès est plus modeste que celui de l'Italien, mais il affiche une Coupe de l'UEFA avec Göteborg (1982), des titres avec Benfica et surtout la Lazio qu'il mène au deuxième scudetto de son histoire en 2000 et avec qui il gagne la Coupe des Coupes, la Supercoupe d’Europe et la Coupe d'Italie, remportée aussi avec l'AS Rome et la Sampdoria. Le président de la Lazio, Claudio Lotito, a salué "l'entraîneur le plus titré de l'histoire" du club romain, "mais surtout un homme droit et un gentleman".
En Angleterre, même si ses brèves expériences à Manchester City et Leicester ne sont pas couronnées de succès, le gardien danois Kasper Schmeichel, qu'Eriksson a fait débuter à City en 2007, a tenu à rendre hommage à "un homme incroyable".
Dans les années 2000, il confirme qu'il est un globe-trotter en étant sélectionneur furtif du Mexique, de la Côte d'Ivoire et des Philippines, entraînant également plusieurs clubs chinois.
- Avec les "Reds" -
Après avoir rendu public son cancer début 2024, il avait réalisé en mars son "rêve" d'entraîner Liverpool le temps d'un match de charité. "C'était un jour magnifique", avait-il déclaré, très ému.
Les Reds ont évidemment salué sa mémoire, évoquant une nouvelle "terriblement triste". "L'un des meilleurs et un homme qui manquera cruellement au monde du football", a écrit sur X le Ballon d'or 2001 et ancien attaquant de Liverpool Michael Owen.
L'UEFA s'est aussi dite "profondément triste" du décès de cette "figure bien-aimée" du football européen. Le président de la Fifa, Gianni Infantino a célébré pour sa part "un novateur et un ambassadeur de notre beau jeu".
