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En larmes à Clairefontaine, rayonnante à Rotherham, Grace Geyoro a enfilé les habits de Superwoman dimanche à l'Euro pour balayer l'Italie (5-1) avec un triplé inédit pour sa 50e sélection en équipe de France, deux semaines et demie après une inquiétante blessure.
Et un, et deux, et trois, Geyoro! La milieu de 25 ans n'en croyait pas ses yeux à mesure que son compteur augmentait et, quand le troisième but est venu pour porter le score à 5-0, elle a semblé perdue au moment de le célébrer, comme sonnée par son insolente réussite.
"Je me dis: +mais ce soir tout va rentrer en fait !+ Ça s'est enchaîné. Je n'ai pas eu le temps de réaliser mon premier but et le deuxième est arrivé... Pareil pour le troisième", a rembobiné la Française, désignée joueuse du match sans contestation possible.
La capitaine du Paris SG n'avait probablement pas parié sur un tel scénario au début de la compétition, qu'elle a abordée sans le moindre match dans les jambes depuis le 29 mai, une éternité pour une joueuse de foot professionnelle.
La milieu de terrain, véritable métronome de l'entrejeu, a en effet été contrainte de faire l'impasse sur les deux matches de préparation des Bleues après une entorse subie le 21 juin à Clairefontaine, lors d'une séance d'entraînement ouverte à la presse.
- "On a eu peur" -
Le genou gauche de Geyoro a tourné au contact du ballon et la Parisienne s'est effondrée, en larmes et hurlant de douleur, sous le regard attristé de ses coéquipières.
"C'est vrai qu'on a eu peur, mais quand on a eu le résultat de l'IRM, on s'est rendu compte qu'il n'y avait rien de grave", a rembobiné Eve Perisset dimanche après le feu d'artifice livré face aux Azzurre. Et la future latérale de Chelsea d'ajouter: "On a vu à quel point elle était importante pour nous ce soir et j'espère qu'elle sera comme ça durant toute la compétition."
Geyoro espère vivre encore des nuits "aussi magiques" mais, en attendant, elle a pu savourer ses débuts parfaits après une saison compliquée à Paris, entre résultats en dents de scie et secousses de vestiaire après l'affaire non-élucidée de l'agression subie par Kheira Hamraoui.
S'est-elle estimée maudite après sa blessure? "Oui c'était compliqué" mais, a-t-elle ajouté, "c'est comme ça, ça fait partie d'une carrière". Bien qu'éloignée des terrains, "j'ai essayé de mettre toutes les chances de mon côté pour être en forme pour ce premier match".
- Finition perfectible -
La milieu relayeuse, utilisée une poignée de minutes seulement au Mondial-2019, a pris une place incontournable en sélection désormais. Et si, en plus, elle commence à marquer...
"J'ai eu pas mal de coaches qui me reprochaient ça auparavant. Il fallait que je travaille plus devant le but parce que j'ai tendance à être beaucoup dans ces situations-là", a-t-elle admis dimanche.
Avant son festival, Geyoro plafonnait à 8 buts en 49 sélections.
"C'est une joueuse importante pour le groupe et elle est de plus en plus décisive aussi. C'est ce que la coach lui demande aussi, j'imagine. Son triplé montre sa progression, elle nous fait du bien", a commenté lundi la milieu défensive Charlotte Bilbault.
Le deuxième but marqué par Geyoro face à l'Italie, après une mise sur orbite de Marie-Antoinette Katoto et un dribble gagnant face à la gardienne, est entré directement dans son livre d'or.
"Marie me fait une superbe déviation et je me dis: +waouh...+ Je me retrouve dans des positions où je n'ai pas l'habitude d'être. Il fallait que je fasse un choix rapidement. En plus, je pousse le balle un peu trop loin mais au final je mets la feinte et le crochet, et je termine", a-t-elle raconté.
L'histoire commence bien pour Geyoro. Il reste cependant encore cinq marches à gravir pour gagner l'Euro, l'objectif affiché par les Bleues.