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L'Angleterre s'est faufilée en quarts de finale de l'Euro-2024 sans flamboyance ni certitude, si ce n'est celle d'avoir "de l'envie et du caractère", des ingrédients pas forcément suffisants pour devenir championne d'Europe.
Les "Three Lions" sont arrivés en Allemagne toutes griffes sorties, avec une tête de grand favoris, mais leurs partitions soporifiques au premier tour et en huitièmes contre la Slovaquie (2-1 après prolongation), dimanche, ont conduit à un grand désenchantement.
La survie est venue d'un exploit de Jude Bellingham dans le temps additionnel, un retourné acrobatique sublime pour arracher la prolongation. "Saved by the Bell" ("Sauvés par le gong"), a titré le Daily Express avec humour.
"Jusqu'alors, nous avions été horribles", a tranché l'ancien international Alan Shearer dans sa chronique pour la BBC. "C'est le premier tir que nous avons cadré, ce qui est une triste statistique quand on considère la qualité de nos joueurs et le niveau de l'opposition".
Les vice-champions d'Europe en titre s'en sont remis au talent du phénomène madrilène, 21 ans, puis à une tête de Harry Kane pour sceller la victoire. Mais d'un point de vue collectif, c'est laborieux, emprunté.
L'équipe a montré de la fébrilité en défense, un manque de créativité et de variation au milieu, elle a peiné à accélérer le jeu et à se montrer dangereuse, surtout avant la mi-temps.
"En première période, c'est clair, nous avons eu du mal à résister à leur pression, nous étions trop lents dans la circulation du ballon et ils étaient très compacts au milieu de terrain, et ce n'est pas la première fois que nous rencontrons ce problème", a résumé Gareth Southgate.
Le sélectionneur a préféré voir le verre à moitié plein: "je pense que la seule chose qui ne peux pas être remise en question, c'est l'envie, l'engagement et le caractère" du groupe.
- "Lâcher le frein à main" -
Le manager de 53 ans reste la cible de féroces critiques en Angleterre, le pays du football qui attend désespérément un premier titre depuis la Coupe du monde 1966 à la maison.
Il s'en est approché au Mondial-2018 (demi-finale) et surtout à l'Euro en 2021 (finale perdue contre l'Italie), sans échapper aux critiques récurrentes sur le jeu parfois minimaliste et prudent de son équipe.
En Allemagne, Southgate a reconduit à chaque fois la même équipe, à une exception près, alors même que certains joueurs, comme Phil Foden, ont fortement déçu dans le système mis en place.
"Je réclamais à cor et à cri l'entrée de Cole Palmer et d'Anthony Gordon à la mi-temps du match contre la Slovaquie, mais il a fallu attendre la 65e minute pour que Palmer entre en jeu et Gordon n'a pas eu la moindre minute", a regretté Shearer.
A défaut de flamboyance, l'Angleterre peut compter sur son "fighting spirit" et sa "solidarité", veut croire Declan Rice. "Nous sommes prêts à mourir les uns pour les autres sur le terrain", a dégainé le milieu d'Arsenal au micro de la BBC.
Il a étendu cette union sacrée jusqu'à Southgate: "nous ferons tout pour protéger cet entraîneur, pour nous protéger tous ensemble". Un discours qui donne l'impression d'un "seuls contre tous", comme si l'équipe devait jouer pour elle-même, et parfois contre ses propres supporters.
Les critiques et les huées, "ce n'est pas agréable à entendre, mais on peut toujours s'en servir dans ces moments-là et c'est agréable de renvoyer l'ascenseur à certains", a d'ailleurs taclé Bellingham après la qualification.
Lancer une compétition du mauvais pied, comme les Anglais, n'est pas forcément rhédibitoire, a mis en avant leur gardien Jordan Pickford, lundi devant des journalistes: "en 2016, le Portugal avait fait nul sur ses trois matches de groupes et a fini par gagner le tournoi".
Le quart de finale à venir samedi contre la Suisse, tombeuse de l'Italie au tour précédent, s'annonce en tout cas périlleux.
A Düsseldorf, il faudra "prendre des risques avec le ballon" et "lâcher le frein à main", a anticipé le défenseur John Stones. Tout un programme.