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Cette semaine, Jacques Borlée tirait la sonnette d'alarme sur LN24. Selon l'entraîneur belge, connu pour être l'encadrant des frères Borlée et de nombreux autres athlètes médaillés dans notre pays, le vaccin réduirait les performances de manière visible plusieurs jours après une injection. Un problème qui inquiète à l'aube d'un été très sportif, entre l'Euro 2020 qui doit débuter le 11 juin et les Jeux Olympiques, prévus dès le 23 juillet.
Mais concrètement, revenons-en aux constatations de Jacques Borlée. "Une fois vacciné, on voit dans le système lactique qu'il y a vraiment des perturbations", explique l'entraîneur sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. "J'ai une dizaine de coureurs de 400m et nous voyons cela de manière générale, de façon récurrente. J'ai contacté le médecin du comité olympique, qui a constaté cela dans tous les systèmes en aérobie, ce qui est perturbant. Nous avons une deuxième dose en juin, qui est théoriquement plus forte. Cela risque de nous impliquer dans toutes la période des minimas pour les Jeux Olympiques", dénonce-t-il ensuite.
Mais cela s'est-il vérifié de manière générale sur tous les sportifs de haut niveau ? Là, la réponse est plus nuancée. "Pour l'instant, nous n'avons aucune étude scientifique qui prouve cela de manière irréfutable", reconnaît Marc Francaux, Professeur de physiologie de l’exercice à l'UCL. Ce dernier affirme cependant que cela est tout à fait possible. "Mais nous avons un faisceau d'observation qui laisse penser que certains athlètes sont impactés par cette vaccination. C'est quelque chose qui n'est pas étonnant, quand on voit comment fonctionne un vaccin, on peut s'attendre à ce que l'on soit un peu fatigué pendant 48 à 72 heures. Ce qui est plus étonnant, c'est de voir la durée pendant laquelle ces athlètes voient leur performance diminuer, de l'ordre de 5% à peu près", précise-t-il ensuite.
"Je peux être inquiet pour leur performance"
Des pertes de performance, cela peut avoir un impact considérable. Plus encore quand on sait que tous les sportifs ne sont pas vaccinés au même moment et n'auront donc pas à subir les effets au même moment. Ce qui crée une certaine forme d'inégalité.
Il n'est donc pas question de freiner la vaccination des sportifs, mais plutôt de la revoir. "Nous avons trop d'athlètes qui, systématiquement, dans les jours qui suivent la vaccination, performent moins bien. Cela pouvait être attendu mais c'est le moyen terme qui est plus inquiétant. Cela ne veut pas dire que les athlètes ne doivent pas être vaccinés ! Mais il faudrait tenir compte de leur programme d'entraînement et de compétition pour trouver la bonne période pour les vacciner", résume Marc Francaux.
"Nous savons que le vaccin peut altérer quelque peu nos fonctions", embraye Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral pour la lutte contre le covid-19. "Par exemple, les pilotes de ligne ont un purgatoire de deux jours après le vaccin pour être sûr d'être dans les meilleures conditions. Deux, trois jours cela ne nous étonne pas. Des conséquences de deux semaines sur le métabolisme, c'est quelque chose qui n'est pas clairement établi. Ils ont besoin de 100% de leurs activités, vous enlevez 2%, ça fait la différence que Jacques Borlée exprime", reconnaît-il ensuite.
Mais alors, prenons un cas concret. Les Diables Rouges seront vaccinés en unidose dans les prochains jours, au début du mois de juin. Le tout à dix jours de leur entrée en lice. Cela pourrait être un désavantage, reconnaît Yves Van Laethem. "Je ne suis pas inquiet pour leur santé, mais effectivement, je peux être inquiet pour leur performance. C'est problématique, en fonction de critères qui peuvent être différents en fonction des sports", répond-il à ce sujet.
Il embraye en affirmant que cela ne se ressentira que chez les athlètes de haut niveau, soumis à des performances bien plus importantes qu'un sportif amateur.