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Il est la locomotive du cinéma français à l'étranger, mais accumule les revers. Visé par des accusations d'agressions sexuelles, en grande difficulté avec sa société Europacorp, le cinéaste français Luc Besson tente de sortir de la tourmente avec son nouveau film, "Anna", malgré un mauvais démarrage aux Etats-Unis.
Film d'action en anglais, "Anna", qui raconte l'histoire d'une jeune femme russe mystérieuse, à la fois espionne, tueuse et top model, arrive dans les salles mercredi en France après être sorti aux Etats-Unis le 21 juin dans 2.114 salles, avec une promotion minimale.
Le film n'y a récolté en deux week-ends que 6,7 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord. Un résultat très décevant pour ce film au budget de plus de 30 millions de dollars, loin derrière les 238,7 millions de recettes de "Toy Story 4", sorti en même temps.
Alors que le réalisateur de 60 ans rêve sans doute de rééditer l'exploit de "Lucy" avec Scarlett Johansson - film français le plus vu à l'étranger depuis vingt ans, avec plus de 56 millions d'entrées dans le monde -, il a aussi eu droit à des critiques plus que mitigées pour ce nouvel opus, qui met en scène l'actrice et mannequin russe Sasha Luss dans le rôle d'Anna, nouvelle héroïne rappelant celles de "Nikita" ou du "Cinquième Elément".
Pour le Hollywood Reporter, Luc Besson "ressasse Nikita dans ce film", tandis que pour Variety, la performance de Sasha Luss est "assombrie par la controverse #MeToo autour du réalisateur".
Pour le site américain Indiewire, le cinéaste a fait "un nouveau film sur une femme vide qu'il peut remplir de ses propres désirs".
Le Los Angeles Times estime qu'il est même "difficile de voir "Anna" sans penser aux problèmes de Besson hors écran, vu qu'il s'agit d'une femme qui se relève après une vie d'abus et de manipulation par des hommes".
Construit de façon ambitieuse avec des histoires qui s'imbriquent les unes dans les autres, multipliant les flashbacks, "Anna" s'intéresse au destin d'une jeune femme de 24 ans. Vendeuse de poupées russes sur le marché de Moscou découverte par une agence de mannequins, elle a aussi été embauchée par un agent du KGB (joué par Luke Evans), alors qu'elle était maltraitée par son compagnon et droguée.
"Porte de sortie"
A travers ce thriller, distribué en France par Pathé - qui a organisé mardi une série d'avant-premières -, le spectateur est invité peu à peu à découvrir qui est Anna, "une femme dans une situation très difficile" et "qui essaie désespérément de trouver une porte de sortie", a indiqué à l'AFP Sasha Luss.
L'actrice de 27 ans trouve ici son premier rôle important après une apparition dans "Valérian et la cité des mille planètes", le précédent film de Luc Besson, plus gros budget du cinéma français, dont la contre-performance au box-office américain a plombé les comptes d'Europacorp, déjà en difficulté.
La société de Luc Besson - également producteur influent de films d'action, notamment les sagas "Taken", "Taxi" ou "Le Transporteur" - été placée mi-mai en procédure de sauvegarde pour une durée initiale de six mois. Europacorp, qui négocie l'entrée à son capital du groupe Pathé, a enregistré un quatrième exercice de suite dans le rouge en 2018-2019, malgré des cessions d'actifs et licenciements.
Un échec d'"Anna" pourrait mettre le groupe en péril, alors même que Luc Besson, frappé de plein fouet par la vague #MeToo, est dans une situation personnelle délicate, confronté à plusieurs accusations d'agressions sexuelles.
Après neuf mois d'enquête, le parquet de Paris a classé fin février sans suite la plainte d'une comédienne belgo-néerlandaise, Sand Van Roy, l'accusant de viols. Elle avait porté plainte en mai 2018 contre le cinéaste, au lendemain d'un rendez-vous dans un palace parisien. En juillet, elle avait déposé une deuxième plainte pour viols portant sur des faits commis antérieurement, selon une source proche du dossier.
Neuf autres femmes ont par la suite accusé le réalisateur du "Grand Bleu" de gestes déplacés, voire d'agressions sexuelles, lors de témoignages recueillis par le site d'information français Mediapart pour des faits en grande partie prescrits.