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Olivier Norek s'inspire d'un conflit oublié pour son nouveau roman: "Une guerre d'hier qui pourrait être celle de demain"

Après le succès de sa trilogie policière "93", Olivier Norek explore de nouveaux horizons avec "Les Guerriers d'hiver". L'auteur nous emmène en Finlande en 1939, où le pays résiste héroïquement à l'invasion de l'U.R.S.S. Un récit haletant qui met en lumière un conflit oublié.

RTL info : Pour ce nouveau roman "Les Guerriers d'hiver", vous changez totalement de style et de décor dans ce nouveau roman. On va en Finlande en 1939 et l'U.R.S.S. décide d'envahir le pays. Pourquoi vous êtes-vous intéressé à cette période de l'histoire, et comment avez-vous eu l'idée d'écrire ce livre ?

Olivier Norek : C'est une rencontre avec une idée. Je ne pourrais pas écrire un livre sur commande, il faut que ce soit une idée qui me bouscule de l'intérieur et qui m'impose de l'écrire. Il y a deux ans et demi, j'ai entendu Vladimir Poutine nous menacer de manière nucléaire, et cela m'a poussé à m'informer. La phobie naît de l'ignorance, alors j'ai exploré les conflits déclenchés par la Russie au cours du dernier siècle. C'est ainsi que j'ai découvert cette guerre presque oubliée, effacée des manuels scolaires et de l'histoire : la Guerre d'Hiver. Elle est tellement incroyable, faite de bravoure, de courage, de volonté, d'obstination que j'ai dû mettre à la fin du roman, que tout ce que vous avez lu est vrai. Sinon personne, absolument personne, n'y aurait jamais cru. Cette guerre m'a aussi permis de découvrir un personnage fascinant : Simo Häyhä, le plus grand sniper de l'histoire.

Ce personnage central, Simo Häyhä, surnommé la "Mort blanche", est devenu une véritable légende. Comment est-ce que vous êtes intéressé à sa personnalité ? 

Simo Häyhä a réellement existé. Fils de paysan, devenu sniper, il a abattu 542 soldats russes avec son fusil de chasse, il aurait peut-être le double avec une mitrailleuse. Sa précision était telle que les Russes en étaient terrorisés, au point de penser qu'il était surnaturel, voire immortel. Un général a même demandé qu'on l'attrape et qu'on l'accroche à un arbre pour prouver qu'il était bien humain. Ils ont tout essayé : balles explosives, canons, chars… mais jamais personne n'a réussi à l'atteindre. C'est pourquoi il a hérité de ce surnom, "la Mort blanche", qui faisait fuir des troupes entières.

Vous évoquez aussi un personnage complètement fou, alcoolique, brutal et avide de guerre, surnommé "l'horreur du Maroc". Qui est-il exactement ?

Ce personnage est fascinant et terrifiant à la fois. Et pourtant, on finit par l’adorer. C'est un vrai problème parce qu'on ne devrait pas aimer un personnage comme lui. Au départ, le livre devait s’appeler "Le guerrier de l’hiver" et se concentrer sur Simo Häyhä. Puis, j'ai découvert ce personnage, Arno, surnommé "l'horreur du Maroc" par ses camarades légionnaires. Vous imaginez le niveau de violence pour qu’un légionnaire soit qualifié ainsi par d’autres légionnaires ! Ce sont des hommes comme lui, en harmonie avec le chaos, dont on a besoin en temps de guerre, mais qu’on préfère oublier en temps de paix.

Ce qui est incroyable, c’est que j’ai appris en écrivant ce livre qu’il avait servi dans la Légion étrangère avec mon grand-père. Pendant que j’étais en Finlande, à fouiller dans les greniers pour retrouver des traces de cette guerre oubliée, mon père faisait la même chose chez nous. Et il a trouvé des photos de mon grand-père aux côtés de ce personnage.

Vous décrivez l'hiver finlandais avec une intensité particulière. Comment avez-vous rendu cette atmosphère si palpable ?

J'ai été policier pendant 18 ans, et aujourd'hui, je suis un auteur de terrain. Pour ressentir ce que je raconte, je suis allé en Finlande, dans les forêts glacées de Laponie, pendant trois mois. À -40 degrés, le froid vous frappe, vous donne des coups dans le dos et dans le ventre. Ce n'est pas quelque chose que l'on peut imaginer, il faut le vivre. Ce besoin de vérité, c'est ce que j'essaye d'offrir aux lecteurs. En ouvrant ce livre, ils commencent un voyage qui, pour moi, est déjà terminé, mais qui commence avec eux, dans cette relation que j'ai envie de créer.

Vous évoquez une mise en garde dans votre livre, car la guerre survient souvent par surprise. À qui s'adresse cette mise en garde ? Vous êtes inquiet de ce qui se passe aujourd'hui ?

Elle s'adresse à tout le monde. La Guerre d'Hiver a surpris les Finlandais, ils ne s'attendaient pas à être envahis par la Russie. Aujourd'hui, avec autant de conflits actifs dans le monde et tant de pays dirigés par des psychopathes, il suffirait d'une étincelle. On pense souvent que les guerres modernes seront faites de drones et de pirates informatiques, mais si un conflit éclate en Europe, ce sera une guerre de tranchées, brutale et sanglante, comme dans la bande de Gaza et en Ukraine aujourd'hui. La guerre d'Hiver est la guerre d'hier, mais elle sera la guerre de demain.

Et moi, ce que je propose aux lecteurs et lectrices, ce n'est pas tant de parler de guerre parce que c'est un roman profondément pacifiste, mais c'est de se mettre dans la peau, dans l'uniforme de ces soldats, de ces hommes et de ces femmes. Parce que si 200.000 hommes finlandais ont défendu leur pays, 100.000 femmes les ont accompagnées. Et c'est se mettre dans leur peau et c'est se mettre dans les tranchées. Et de raconter une guerre à taille humaine. Je parle plus de sentiments et d'émotions que de stratégies militaires. Le plus important, c'est de faire semblant d'y être un instant pour en avoir assez peur, pour pouvoir adopter les bonnes réactions.

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