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Trois ans après sa prestation remarquée à l'Eurovision, Barbara Pravi est de retour avec un album sincère et personnel. L'artiste se confie sur l'estime de soi, le lien avec son public et le travail nécessaire pour toucher les cœurs.
RTL Info : Le grand public vous a découverte en 2021 avec votre chanson "Voilà". Vous avez terminé à la deuxième place du classement à l'Eurovision. Trois ans plus tard, quel est votre ressenti par rapport à cette expérience ? Est-ce que vous la considérez comme une chance inespérée ?
Barbara Pravi : C'était une chance, oui, ce qui s'est passé : arriver deuxième, rencontrer le public, etc. Mais ce n'est pas juste un coup de chance. C'est énormément de travail, sur la durée. Après "Voilà", j'ai enchaîné avec 120, presque 150 dates de tournée dans le monde entier. C'est vraiment beaucoup de travail. La chance, c'est d'avoir écrit une chanson qui a touché autant de gens, bien au-delà de ce que je pouvais imaginer. Mais le reste, c'est du travail acharné.
La chance, ça se provoque ?
C'est un mélange de beaucoup de choses. On dit souvent qu'il faut "mettre toutes les chances de son côté", et c'est exactement ça. C'est un peu comme une petite polenta, il faut tout mélanger pour la provoquer. Mais je dirais que dans ce domaine, il y a peut-être 1 % de destin, 10 % de chance, et tout le reste, c'est du travail.
Qu'est-ce qui fait que vos chansons touchent autant le public, d'après vous ?
Je crois que je suis très honnête et sincère dans ma manière de faire de la musique. En tout cas, c'est ce que j'essaie de faire. Cette sincérité, je la cultive d'abord pour moi-même, dans ce que je raconte, et dans la façon de le raconter. Ensuite, c'est aussi une question de lien. Le public m'a découverte avec "Voilà", puis nous nous sommes rencontrés en concert. Je suis très présente pour mon public et consciente que sans eux, je ne suis rien, j'entretiens vraiment un lien très fort avec eux. J'ai un devoir de fidélité et de sincérité absolue envers eux.
Cette sincérité transparaît aussi dans votre album nouvel "La Pieva". Vous parlez notamment de vos peurs dans la chanson "Maman". Est-ce facile de se livrer autant ?
Je crois qu'on se sent tous un peu différents, mais en réalité, nous sommes très semblables. C'est ce qui fait l'humanité et c'est ça qui est chouette. Pour moi, il est important d'écrire avec le cœur, de transmettre une émotion brute et sincère. Quand je partirai en tournée, par exemple à Bruxelles le 3 octobre, je devrai ressentir cette émotion à chaque fois que je chante. Les mots que j'ai choisis doivent être hyper honnêtes pour que je puisse les porter pendant un an et demi sur scène.
La dernière fois que vous êtes venue sur ce plateau, après la sortie de votre premier album, vous disiez : "Quand je sors de concert, je ne sais pas toujours ce qui s'est passé, tellement je suis envahie par l'émotion." Est-ce que vous ressentez encore cela ?
Oui, il se passe toujours des choses assez mystiques pendant mes concerts. Je parle pour moi, car je ne sais pas comment les autres artistes le vivent, mais il y a vraiment une sorte d'échange d'énergie, une communion très forte. Je conçois mes concerts comme des spectacles, je raconte beaucoup d'histoires, je vais dans le public, je chante avec eux. Je fais en sorte que les énergies circulent, que ce ne soit pas juste moi qui performe devant eux. On entre tous ensemble dans une grande pièce et on fait la fête.
Est-ce possible de ressentir trop d’émotions ?
Oui, ça arrive. Pour moi ça ressemble à une crise d'angoisse, avec une boule dans la gorge, et tout d’un coup, je me mets à pleurer. C'est un trop-plein d'émotions qui doit sortir d'une manière ou d'une autre.
Dans votre chanson "Bravo", vous parlez d’estime de soi. Est-ce important de pouvoir se dire qu’on est fier de soi ?
Oui, c’est une chanson sur l’estime de soi et l’importance de s’accepter. Dire "bravo" à soi-même, c’est essentiel. L’estime de soi ne signifie pas se croire parfait, mais être conscient de ses qualités et défauts. Cela nous rend meilleurs dans nos relations avec les autres. Nous ne serons jamais parfaits, et ce n’est pas le but. L’important, c’est d’essayer d’être le plus éthique possible, d’être en accord avec soi-même.
Le titre de votre album "La Pieva" est un hommage à votre famille ?
Oui, en 1750, une de mes ancêtres, d'origine tzigane, s'appelait Milovanovic. On la surnommait "la Pievach", qui signifie "la chanteuse" en serbe. Le diminutif "pievitchy" désigne ses enfants, donc les enfants de la chanteuse. Mon nom de famille, c’est Pievitch, un héritage qui se transmet de génération en génération.